Pratyahara

Pratique du YogaPostures de Yoga (Asanas) – Pranayama – Exercices Énergétiques (Bandha Mudra) – Méditation

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La clé des aspects intérieurs et extérieurs du Yoga

Le yoga est une discipline qui permet de prendre sa vie en main et de s’engager dans une démarche de liberté et de responsabilité. La vie des êtres humains s’inscrit dans la vaste toile de l’univers. En suivant les lois du dharma, l’individu reprend possession de lui-même et avance en toute confiance. L’action est désintéressée, le seul but étant de revenir à l’énergie première. Nos actes non seulement influent sur notre vie, mais celle de l’univers tout entier et devenir notre propre guide nous mènera à l’unité, l’équanimité. Nous sommes Arjuna, qui ne dévie jamais de sa route…, accompagnés par les sages conseils de Krishna… et la conscience se réorganise… « Votre devoir est d’agir et non de rechercher une récompense pour votre action. » Bhagavad-Gita – Les asanas vont donner au corps l’espace nécessaire à la méditation.

Bhagavad-Gita : « Le sage qui, à l’image de la tortue ramenant ses membres sous elle, retire ses sens de leurs objets est fermement établi dans la sagesse » (Chap 2– 58). Équanimité : Détachement, égalité d’humeur, sérénité : l’esprit n’est plus dérangé par les perceptions, les sensations, les émotions…  Cet état de stabilité de l’esprit, au-delà de l’ego, est une condition sine qua non à la connaissance réelle et à l’expansion spirituelle.

Le pratyāhāra relie les aspects extériorisés et intériorisés de la pratique du yoga. C’est le cinquième pilier du yoga, après prānāyama et avant dhāranā : « Yama niyama āsana prānāyama pratyāhāra dhāranā dhyāna samādhayo’ șțāv ańgāni » (Yoga-sutras de Patanjali).

« Pratyāhāra » est composé de 2 termes : – « prati » : « Contre » ou « éloigné » – « ahara » : « nourriture ».

La signification donc de pratyāhāra est littéralement « apprentissage du contrôle des forces externes » ou « s’éloigner des nourritures sensorielles).

Il y a trois niveaux « d’ahara » (nourriture) :

  • La nourriture physique qui fournit les 5 éléments qui permet de garder l’intégrité du corps.
  • La nourriture sensorielle à travers les sens, le toucher, la vue, l’ouïe, le goût et l’odorat
  • La nourriture relationnelle à travers les gens que nous côtoyons en relation avec les trois forces fondamentales (et psychologiques) que sont Sattva, rajas et tamas.

Le pratayhara implique l’abandon de ce qui n’est pas approprié pour soi et d’accueillir ce qui l’est. Les influences sensorielles sont celles qui sont le plus à même de déstabiliser : Une expérience agréable va demander de la répétition, une expérience désagréable apporte de la frustration. Le prathyahara donne une nouvelle dimension dans l’expérience de la vie. Le désir est transcendé en lâcher-prise et voir cela comme un ace de pouvoir (Deepak Chopra) : par exemple nous désirons quelque chose ardemment et cette chose nous est « refusé » : cela va provoquer une sensation de manque et une baisse de l’estime de soi (on ne sent pas capable), mais il est possible d’y « renoncer » et l’acte de renoncement provoquera une chimie intérieure bien plus optimiste (Deepak Chopra) .

Il existe quatre formes de pratyahara : Indriya Pratyahara &, le contrôle des sens ; Prana pratyahara, le contrôle du prana (l’énergie cosmique), karma pratyahara (le contrôle de l’action) et Mano pratyhara, l’intériorisation des sens.

1- Indriya Pratyahara (Contrôle des Sens) 

Comme nous l’avons dit précédemment, les impressions sensorielles sont celles qui sont le plus déstabilisantes et de ce fait, sous le déluge des médias, images, téléphones, ordinateurs… ainsi que de l’orientation consommatrice de notre société, nous sommes soumis à une quantité de sollicitations phénoménales et nous devenons prisonnier de notre mental. Indriya Pratyahara donne l’opportunité de réfléchir à ce que nous voulons vraiment absorber ou non. Les impressions de mauvaise qualité empoisonnent et empêchent la clarté mentale et la paix intérieure. Les sens livrés à eux-mêmes (non éduqués) sont destructeurs.

Les moyens :

  • Se couper des médias (jeûne) ou choisir avec beaucoup de discernement ce que nous voulons absorber.
  • Exercices : yoni mudra & Shambhavi mudra (être présent à soi sans se couper totalement des organes des sens : l’attention est dirigée vers l’intérieur.
  • La contemplation, un arbre, un lac… (une seule nourriture) pour purifier le mental.
  • La visualisation : un paysage, une divinité… (en méditation, les visualisations préliminaires aident à se débarrasser des impressions externes).

 

2 – Prana Pratyahara (Contrôle du Prana)

  • Développer et contrôler le Prana est important pour discipliner les sens. Avec un Prana (énergie vitale) puissant, le mental aura moins tendance à se disperser.
  • Le pranayama est une préparation au pratyahara.
  • Fixer l’attention sur un point précis du corps, y amène le Prana.
  • Yoga-Sutras I-34 « Pracchardana-vidhāranābhyām vā prāna-sya. » La respiration est le reflet de l’état du mental. Avec la respiration, il est possible de revenir au calme. Avec le pranayama, il est possible de rassembler le mental. L’état de dispersion du mental a pour origine l’obscurcissement. L’expir et la rétention du souffle apporte le lâcher-prise et la stabilité mentale.

 

3 – Karma Pratyahara (Karma : rituels dans le sens védique et à l’époque d’Arjuna : l’action dharmique) – Contrôle de l’action

  • Le dharma
  • Les organes des sens s’expriment par les organes moteurs qui conduisent à l’extérieur de soi. Le désir n’a pas de limite et par conséquent il est sans fond.
  • L’action va se porter sur le service désintéressé qui « transforme la vie en un rituel sacré » (David Frawley).
  • Contrôle du corps dans les asanas qui permettra de rester immobile pour la méditation.
  • Agir sans se préoccuper du résultat (la voie de l’action juste).
  • Prendre conscience que les succès matériels ne sont pas l’objectif, il existe un but supérieur dans la vie qui est la réalisation spirituelle. P.88 et p89 : la Bhagavad-Gita

 

4- Mano Pratyahara (contrôle du mental)

  • Le mental est l’organe de coordination des sens. « Le mental est agité par le flot de stimuli venant du monde : les organes des sens sont les antennes qui reçoivent les signaux émis par l’environnement » (Swami Chinmayananda). L’état de yoga ou état d’unité ou encore état d’équanimité est atteint quand le calme reste constant au milieu des flots des sensations.
  • C’est également le mental qui dirige les sens vers tel ou tel objet sur lequel l’attention se porte.
  • Les sens sont contrôlés quand le mental s’en retire.
  • Il est possible de pratiquer mano-pratyhara en retirant le mental consciemment des impressions malsaines à chaque fois qu’elles surviennent. On pourrait dire que c’est le « stade ultime » du pratyahara, une fois que les sens, le prana et les organes moteurs sont contrôlés.

« Celui qui est capable de contrôler le flux du mental vers l’extérieur, de le libérer de l’asservissement des sens, a réalisé pratyahara ». 

Il est important de préciser que Pratyahara n’est pas la négation ni le rejet des impressions mentales. Il s’agit plutôt d’être à l’écoute des ressentis afin de mieux les comprendre pour les laisser se transcender. Plus il y aura de refoulement et plus il y a aura d’impressions et d’activité mentale. Dans le Pratyahara, il s’agit de reconnaître ce qui se passe en nous pour nous permettre de prendre de la distance et surtout d’apprendre à être présent à soi.

Moyens : Yoga-Sutras Patanjali : I.35 : Vishayavatī vā-pravrittirutpannā-manasah-sthitinibandhin : la stabilisation du mental se réalise également en se fixant sur les objets du monde sensible. « Le support peut être le bout du nez pour faire l’expérience du parfum cosmique, sur la pointe de la langue pour le goût cosmique, sur le palais pour la couleur cosmique (en relation avec la glande pinéale – épiphyse), sur le milieu de la langue pour le toucher cosmique et à la racine de la langue pour le son cosmique. » (Vyasa) ou des objets générant le calme, lueur de la lune, du soleil, un diamant, une bougie…

Mais aussi l’expérience d’un état lumineux (comme après une séance de yoga ou concentration sur le lotus du cœur) (Yoga-sutras Patanjali I-36) ; ou en se mettant en contact avec un être libéré (comme Mahavatar Babaji) ou l’état de rêve (nidra yoga), ou méditation sur un objet agréable : lune, nadis, chakras…. (Yoga-sutras Patanjali I-37- I-38)

Sources : Yoga & Ayurveda David Frawley ; Les yogas-sutras de Patanjali à la lumière des premiers commentaires indiens (Vyasa, Bhoja, Vacaspati Misra) ;La Bhagavad-Gita Commentaire du texte intégral par Swami Chinmayananda.

Pratyahara : La clé des aspects intérieurs et extérieurs du Yoga – moyens

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