Bhramari pranayama
C’est une technique de respiration qui produit un son comme celui du bourdonnement d’une abeille : « Bhramari » signifiant « vol d’abeilles » ou encore « bourdonnement d’abeilles».
Avec ce pranayama de Bhramari, les toxines sont éliminées par la transpiration et la température corporelle augmente, l’irrigation sanguine également. Cette pratique permet de nettoyer les sinus et participe à la dilatation des alvéoles pulmonaires pour une meilleure santé des poumons. Elle apporte un très grand apaisement, de la joie, atténue le stress, l’anxiété et l’agitation mentale. C’est un excellent exercice pour réduire l’hypertension et soulager les migraines. Il améliore le sommeil, la concentration, les facultés cognitives comme la mémoire et favorise la cicatrisation des tissus.
- S’asseoir en nadanusandhana asana, c’est à dire avec les pieds à plat devant soi, genoux pliés et colonne vertébrale et tête alignées ; épaules relâchées ; tonicité dans le ventre, le bas du dos.
- Prendre un mulabandha : contraction des sphincters de l’anus, muscles releveurs de l’anus.
- Boucher les oreilles avec les pouces ou prendre yoni mudra (appelé aussi shanmukhi) : boucher les oreilles avec les pouces, les yeux avec les index, le nez avec les majeurs et la bouche avec les annulaires, les auriculaires se retrouvent sous la lèvre inférieure.
- Ouvrir les narines, vider les poumons
- Inspir par les deux narines en pressant légèrement avec les majeurs sur le nez.
- Expir en émettant un son similaire à un bourdonnement (il part du fond de la gorge. La bouche est fermée. Les mâchoires sont desserrées (inutile de coller les dents les unes contre les autres). Sentir la vibration dans la tête en entier…
- Continuer le son, aussi longtemps que cela reste confortable. Essayer de stabiliser le bourdonnement, afin qu’il soit régulier.
- Il est également possible d’émettre le bourdonnement (mumming) par la bouche avec les narines fermées par les majeurs.
- Répétez cela au moins 5mn.
- Gd Inspir
- Kumbhaka
- Gd Expir en pressant moins les pouces sur les oreilles et en écoutant les sons intérieurs.
- Faire suivre de la méditation de Nadanusandhana.
Etude scientifique de Bhramari par le Dr Tapas Pramanik
(Département de physiologie, Nepal Medical College, Jorpati, Kathmandu)
Un effet immédiat
L’effet de Bhramari pranayama est immédiat. Son influence sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque a été évaluée lors d’une étude menée en 2010 par le Dr Tapas Pramanik (Département de physiologie, Nepal Medical College, Jorpati, Kathmandu). Lors de cette observation, ces deux paramètres ont été mesurés sur un groupe de 50 volontaires en bonne santé. Les participants ont ensuite effectué pendant 5 minutes Bhramari pranayama, dans un endroit frais et bien aéré.
Puis les mêmes éléments ont été de nouveau mesurés. Les résultats enregistrés montrent une diminution significative de la pression artérielle (diastolique et systolique) ainsi qu’une légère baisse de la fréquence cardiaque. Ceci après seulement cinq minutes.
Les effets de Bhramari pranayama sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque
Fréquence cardiaque (battements/min) | Pression artérielle (cmHg) | |
Sujets de sexe masculin (n=25) Avant Bhramari pranayama | 78 | 11,6 / 7,9 |
Sujets de sexe masculin (n=25) Après Bhramari pranayama | 76 | 11,1 / 7,2 |
Sujets de sexe féminin (n=25) Avant Bhramari pranayama | 82 | 10,9 / 7,3 |
Sujets de sexe féminin (n=25) Après Bhramari pranayama | 79 | 10,4 / 6,9 |
Interrogés sur leur sentiment après cet exercice, la plupart des participants témoigne d’un calme d’esprit, d’une sensation de bien-être. Ceci est confirmé par de très nombreuses études médicales démontrant le lien entre modes de respiration et états émotionnels. Les pranayamas permettent de réduire les niveaux d’anxiété par une augmentation de l’activité parasympathique dans le système nerveux autonome.
Activité du cerveau
L’état de détente attentive instaurée par une technique méditative est caractérisé par la présence de l’activité alpha dans le cerveau ; il s’agit d’une activité électrique de 7,7 à 12,5 Hz. Lors d’une méditation profonde, la fréquence peut baisser encore davantage. Cependant, des études ont démontré que dans certaines situations, des pratiquants expérimentés peuvent générer une activité d’une amplitude rare, dans une plage de gamma pouvant s’étendre de 32 à 100 Hz par seconde.
Dans une autre étude sur bhramari pranayama, publiée en 2009 dans la revue Consciousness and Cognition, l’activité du cerveau pendant le bourdonnement a été mesurée. Les résultats ont démontré que pendant la phase de bourdonnement, même chez les débutants, il y a présence d’ondes gamma.
Vibrations dans les sinus, la gorge et les oreilles
Le bourdonnement a également une répercussion sur les sinus. D’après le Professeur Pär Stjärne (médecin chef de clinique, oto-rhino-laryngologiste à l’institut Karolinska en Suède), le fait de produire ce son permet de libérer des sinus, du monoxyde de carbone qui y est produit. Ce gaz pénètre ensuite dans les poumons lors de la prochaine inspiration ; il aide à dilater les alvéoles, à augmenter l’absorption d’oxygène et contribue à protéger les poumons des infections.
Le bourdonnement soulage aussi les acouphènes. Ce trouble auditif s’accompagne parfois, pour un grand nombre de personnes, d’effets gênants impactant sur la qualité de vie (difficulté de concentration, dépression et/ou anxiété, trouble du sommeil, tension musculaire). Ce symptôme, pour lequel il n’existe pas de traitement uniformément efficace, peut être atténué à l’aide de bhramari pranayama. C’est ce qu’a démontré Sidheshwar Pandey, médecin indien, spécialiste de l’audition. Même les personnes présentant de sévères acouphènes peuvent pratiquer cette respiration.
Bhramari pranayama pour une amélioration des facultés d’apprentissage
Une étude menée en Inde et rapportée en 2012 a évalué l’effet de bhramari pranayama sur la qualité de l’apprentissage chez différents sujets. Il s’agissait de savoir si bhramari pranayama pouvait avoir une incidence positive sur la mémorisation dans différentes disciplines comme les mathématiques, les sciences ou autres.
D’autres études déjà avaient démontrés comment le stress, l’angoisse et la manque de concentration interfèrent et altèrent le processus de mémorisation et comment bhramari pranayama permet d’en réduire les effets en procurant de l’apaisement et en augmentant la consommation d’oxygène dans le cerveau.
Durant 7 jours, 65 élèves de 14 à 15 ans, considérés comme ayant de faibles capacités scolaires, se sont prêtés à cette expérience. Les résultats révèlent que ce groupe a nettement amélioré sa performance académique ainsi que sa vigilance suite à la pratique de bhramari pranayama.
Bhramari et grossesse harmonieuse
Lorsque bhramari pranayama est pratiqué au cours de la grossesse, il peut aider à maintenir et réguler le fonctionnement du système endocrinien pour un accouchement facile.
Selon le médecin indien, Dr Singh, bhramari pranayama élimine les états anxieux et favorise l’apparition d’un calme intérieur, d’un bien-être ressenti dans l’ensemble du corps. L’hypothalamus et l’hypophyse responsables du système nerveux autonome et du système hormonal sont stimulés par le bruit du bourdonnement.
Les effets de cette pratique sur les femmes enceintes furent étudiés lors d’un essai clinique mené en 1993 par le Dr Singh, à l’hôpital de Monghyr (Inde), en collaboration avec la Bihar School of Yoga. Ce médecin suivit durant une année, 448 femmes enceintes. Chacune reçut un traitement identique comprenant bilan de santé, éducation diététique, enseignement prénatal… ; même traitement à l’exception d’un groupe de 112 de ces femmes qui pratiquèrent bhramari pranayama d’une à deux fois par jour, 5 à 10 min, durant toute leur grossesse et encore un peu au-delà. Les résultats mirent en évidence les aspects suivants :
– Pression sanguine normale chez ces 112 femmes (contre 25 % de femmes ayant une pression artérielle augmentée dans le groupe de contrôle, ceci étant un phénomène « normal » généralement observé au cours de la grossesse) ;
- Diminution du nombre d’avortements spontanés (2 % contre 8 %)
- Diminution du nombre de naissances prématurées (2,6 % contre 5 %)
- De manière générale, moins de douleurs pendant le travail d’accouchement
- Un seul cas de césarienne (1 % contre 4 % dans le groupe témoin)
- Aucun nouveau-né n’a souffert d’un manque d’oxygène (0 % contre 12 %)
- Bon poids moyen des nouveau-nés (3,352 kg contre 2,850 kg)
Voix et les sons psychiques
Produire un ton continu fait partie de plusieurs techniques de yoga. Cela fortifie et améliore la voix et contribue à éviter les maux de gorge ; c’est un outil précieux pour les musiciens. D’ailleurs en Inde, bhramari fait partie du programme d’enseignement de la musique classique.
Bhramari permet aussi de développer l’ouïe aux vibrations plus subtiles, il est considéré comme étant une préparation importante pour la pratique de Nada Yoga. Il favorise l’écoute des sons psychiques.
La pratique
Un débutant effectue entre 5 à 10 cycles, mais la pratique peut être augmentée jusqu’à 15 min ou, pour soulager une angoisse extrême, jusqu’à 30 min.
Bhramari pranayama
Merci Nadège pour cet excellent article révélant tout le potentiel de Bhramari. Je te souhaite d’une belle fin d’année lumineuse et riche en attendant le meilleur pour 23.
Namaste
Aude
Merci Nadège. Ça donne envie d’essayer !
Merci, vos articles sont toujours très intéressant.
Je me demandais si Bhramari pouvait aussi stimuler le nerf vague, comme le fredonnement.
Bonjour Christelle,
Oui, effectivement La respiration de bhramari a un effet positif sur le nerf vague puisque il fait partie du système végétatif régulateur dans la digestion, fréquence cardiaque, et qu’il intervient dans l’activité sensorielle et motrice de nombreux organes. Le bourdonnement tout comme la respiration profonde vont effectivement le stimuler pour un mieux être général (moins d’anxiété, un fonctionnement physiologique plus équilibré, etc.)
Belle journée
Nadège