Les Yoga Sutras de PATANJALI

 Les Yoga-sutras de Patanjali constituent les règles de base du yoga. Patanjali serait pour les Indiens l’avatar d’Ananta, le serpent (l’éternité). En Inde, le serpent représente la sagesse. Par sa capacité à muer, il est le symbole de la renaissance initiatique.Selon Patanjali, le yoga est un système scientifique qui à travers la discipline et l’auto-analyse permet à l’homme de se réaliser complètement.

 Les Yoga Sutras de PATANJALI

Les YOGA SUTRAS de PATANJALI  sont dégagés de toute appartenance à une croyance particulière, et constituent un texte UNIVERSEL et INTEMPOREL qui répond à la demande d’une véritable connaissance de soi (ou spiritualité).

 Cet enseignement s’adresse à tous mais il prend réellement sens dans la démarche d’une pratique soutenue. Seule l’expérience consciente peut nous amener à la connaissance libératoire dont il est question dans ces textes et permet de se dégager de ses souffrances et de s’ouvrir  à l’infini que tout être porte en lui, même inconsciemment.

Les Yoga sūtras de Patanjali est un recueil de 196 aphorismes destinés à être facilement mémorisés. Ils sont à la base du système philosophique appelé yoga (l’un des six systèmes philosophiques hindous).

Cette œuvre, probablement rédigée ou compilée entre -200 et +500 (on retient souvent le IIe s. av. J.-C., sans certitude), est le texte qui a codifié ou systématisé le yoga. Son influence sur la philosophie et sur la pratique du yoga est aussi forte aujourd’hui que lorsqu’elle a été écrite. Nous ne savons rien sur Patanjali qui serait aussi à l’origine de traités de médecine. Mais dans la tradition indienne, il est l’avatar du dieu Serpent Ananta. Ananta représente l’infini et l’éternité et est le symbole par sa capacité à muer de la renaissance initiatique.

L’enseignement basé sur les Yoga sūtra de Patanjali se nomme le yoga-darśana. Cette expression est composée de deux termes :

  • Yoga est un terme sanskrit qui désigne un ensemble de pratiques visant la fusion du corps et de l’esprit vers l’unité et la paix intérieure.
  • Darśan : ce terme sanskrit signifie un regard particulier sur le réel, mais aussi doctrine.

Il existe six systèmes philosophiques en Inde qui proposent différents points de vue et tous ces systèmes cohabitent; la vérité étant trop vaste et trop complexe à appréhender dans sa totalité et sa globalité. C’est le même objet qui est décrit, mais avec un point de vue différent.

La philosophie du yoga est liée à celle du Samkya (un système qui sépare le principe de Pakriti et de Purusha). Pakriti est la matière primordiale (le principe féminin) qui fécondée par Purusha devient la création. Purusha étant la conscience universelle, immobile et éternelle (spectateur impassible). Le travail spirituel consiste donc à délivrer l’esprit, le « Soi » immobile et de ne plus l’assimiler aux mouvements du psychisme. La Pakriti est structurée par 3 forces : sattva, rajas et tamas (tendance ascendante lumineuse, tendance  au mouvement et la dernière tendance descendante et inerte.). Ces trois forces se retrouvent aussi bien dans la nature que dans le psychisme humain.

ORIGINES DES CONNAISSANCES CONDENSÉES DANS LES YOGA-SUTRAS

I – LES VEDAS

Tout commence avec les Védas – Littér. « Connaissance, doctrine sacrée ». Nom générique des plus anciens textes de la littérature indienne. On leur attribue une origine intuitive. Les chercheurs spirituels des Védas transmettaient leurs connaissances à partir de symboles, de métaphores, le vocabulaire de l’époque (pas plus que celui d’aujourd’hui) ne disposant de vocables capables d’évoquer « l’Indicible »… C’est ainsi que dès le départ, se dégagent deux niveaux de compréhension que nous croiserons constamment :

– 1er niveau de compréhension : celui d’une élite douée de facultés d’abstraction, de discrimination, capable de percevoir, d’identifier les phénomènes évoqués par les symboles, les métaphores, puis de s’en servir, de « les vivre » dans l’expérimentation personnelle.

– 2e niveau de compréhension : celui du plus grand nombre, c’est-à-dire ceux qui prennent « à la lettre » les discours, les images proposées, qui éprouvent le besoin de s’en remettre à des Dieux, des clergés, des hiérarchies pour être guidés, sauvés…

II – LE VEDANTA

Puis vient le Vedânta : Mot composé de Veda et de anta : « fin ».

Fin des Védas, considérations finales d’abord contenues dans les Upanishad(Les Upanishads englobent des enseignements religieux, philosophiques, mythologiques indiens).

Le Vedānta définit la nature de l’Existence et enseigne que le Soi  (atman) est de même nature que le Brahman, la Réalité ultime indifférenciée. La perception de cette réalité est obscurcie en l’homme par la fausse idée (Vikalpa) qu’il a de lui-même et du monde, l’empêchant de vivre la plénitude de l’unité.

  • Seul le brahman est réel (brahma satyam)
  • Le monde est illusoire (jagan mithyā)
  • L’individu n’est pas différent de brahman (jîvo brahmaiva nāparah).

Le premier des trois systèmes de pensée du Vedânta enseigne l’Unité de la Conscience-Energie, quelle que soit sa phase de manifestation. Ou Advaïta : Littér. « non-dualisme » état qui ne peut être attribué qu’à l’Absolu, à l’UN originel. Difficilement concevable pour l’intellect humain, car la pensée de l’état de veille identifiée à l’ego a des difficultés à se soustraire à la dualité de la relation : « Cela » qui voit/Ce qui est vu.

Cette philosophie également appelée Monisme : (gr. monos, seul), Philos. Système selon lequel le monde est constitué d’une seule substancedans laquelle la pensée et l’objet auquel elle s’applique ne font qu’un. Il existe une Unité à partir des trois grands plans de manifestation à travers l’être humain :

1 – BRAHMAN : Absolu immuable, Réalité suprême, non dualiste.

2 – ATMAN : Conscience absolue, de la même nature que Brahman, le « Spectateur » dans l’être humain. (sur ajna chakra)

3 – JIVATMAN : Atman/Spectateur se manifestant sous la forme d’une conscience momentanément incarnée. Spectatrice, elle habite dans le corps qu’elle utilise comme instrument tout en sachant qu’en réalité, elle est toujours Atman, parcelle d’Infini. De « Jîv »: « vivre ». Être vivant incarné, donc mortel. le Continuum Psychique CP (ego/Je, ensemble de nos tendances psychologiques) s’identifie à un corps, il se crée l’illusion d’une dualité, d’une causalité et s’enchaîne ainsi au cycle de la naissance et de la mort.

On constate avec intérêt que le concept de l’Absolu/Brahman devance les découvertes de la physique atomique.

 BRAHMAN… l’impensable vibration : Symboliquement, analogiquement on peut penser que le concept de Brahman et ses déclinaisons en Atman puis Jivatman correspondent à… L’explosion initiale – ou Big Bang – qui ne fut jamais une véritable « explosion », mais un mouvement de propagation d’énergie partout à la fois rejoignant l’idée d’Infini, d’Absolu se manifestant dans le flamboiement de la lumière du feu primordial, qui en se refroidissant crée les solides/terre, les gaz/l’air, les fluides/l’eau, éléments qui en s’organisant en une arborescence étincelante (inimaginable pour notre mental ordinaire limité) explose en étincelles/Atman, « noyaux » qui animent les formes multiples de la manifestation…

Dans le fond des océans les premières bactéries évoluent en algues bleues, puis apparaissent les poissons, qui avec des pattes embryonnaires se hissent sur les berges où leurs descendants en se développant encore deviendront (si l’on s’attache à observer « la branche » qui plus tard nous verra apparaître tels que nous sommes…) des mammifères, qui commenceront à « penser » pour devenir ce bipède/Jivatman qui lève son front vers les nues, se demandant d’où il vient ? Où il va ? Et surtout « qui suis-je? »

À cette interrogation les Védas lui répondent : « Tat tvam asi » Tu es Cela ! cette Conscience/Énergie première ! à toi de la retrouver en toi et nulle part ailleurs !

De même que la physique moderne a découvert, au cours de ses recherches sur les composants de l’atome, que la matière était constituée de champs magnétiques chargés d’énergie et soumis à un changement perpétuel, de même les Sages (Rishi) de l’Advaïta enseignaient que la Réalité n’est rien d’autre que de l’énergie présente sous forme de conscience et que l’être humain perçoit cet univers grossier par l’intermédiaire du mental (« sixième sens », qui centralise les informations perçues par les organes des cinq sens) en raison de son identification au corps. Cela peut au départ paraître complexe, mais tout devient évident, clair, au fur et à mesure que l’on avance dans l’étude et la Pratique des YS.

A quoi se réfèrent les YOGA-SUTRAS

1 – à des états de conscience fonctionnant au-delà de l’intelligence ordinaire, à celle qui se manifeste lorsque le mental est stabilisé,

2 – à l’élimination des spéculations intellectuelles qui font obstacle à la réalisation spirituelle,

3 – à l’expérimentation personnelle, le seul moyen d’évolution préconisé.

Il est fondamental de noter que, Patanjali ne fait aucune référence ou citations directes se rapportant à des systèmes ou des gurus nommément connus.

Les YS enseignent l’unité intérieure, de la vie extérieure vers la vie intérieure, le passage naturel d’un plan de conscience à un autre, du plus dense au plus subtil, l’ensemble perçu comme un cheminement, un glissement continu jusqu’à la Libération ultime…

Patanjali expose en premier le terrain, le contexte, le fonctionnement du mental et termine en indiquant une procédure en huit points permettant de se dégager de la souffrance.

1 – atha yoga anusasam – Maintenant voici les instructions du yoga – ou commence la voie du Yoga –  Cela induit le fait que d’autres choses ont été expérimentées précédemment.

Pourquoi la voie du Yoga ? La souffrance et son origine l’ignorance

La souffrance est inhérente à la condition humaine. La plupart d’entre nous veulent l’éviter à tout prix, mais on ne pas se dérober, on ne peut que la transcender. Ne pas reconnaître notre souffrance nous évite de penser à notre propre responsabilité dans le processus, et à ne pas remettre en question notre mode de vie, nos habitudes.

Alors on se détourne, on s’étourdit dans le travail, les « joies » familiales, les mondanités, une passion quelconque, politique, sportive… ou encore dans la dépression. L’être humain cherche généralement à tout prix à ne pas être seul avec soi-même, face à ses frustrations, ses rêves incertains, ses peurs et l’obligation de changer et de grandir ! D’ailleurs les psychotropes sont les symboles de ce déni.

Quand on soulève ne serait-ce que le pied d’une table, l’ensemble du plateau se soulève un peu! Quand on commence un travail sur soi-même, on cesse d’être une charge pour les autres et mieux même, quand on peut, étant passé par ces désarrois, ces peines, comprendre et aider ceux qui éprouvés, commencent à chercher les réponses, aux fameuses questions : pourquoi moi ? Qu’ai-je fait pour « mériter » cela? Pourquoi tant de souffrance ? Apporter quelques réponses, un peu de lumière dans l’obscurité du Samsâra. (Dans le bouddhisme, il s’agit du cycle des existences conditionnées, c’est-à-dire les états de l’existence sous l’emprise de la souffrance, de l’attachement et de l’ignorance. Ces états sont conditionnés par le  Karma.)

Dès que l’on s’attaque à la souffrance on rencontre immédiatement l’Ignorance la plus grande ennemie de l’espèce humaine, qu’il va falloir combattre.

Nous seuls pouvons modifier nos conditions de vie. « Notre destin » consiste à prendre conscience de nos manques, de nos failles afin de les combler, et non de nous dérober en restant imprudemment englués dans une ignorance des mécanismes fondamentaux qui jamais ne s’avère être protectrice, car elle aggrave les situations « non traitées » qui toujours finissent « par produire leurs fruits nauséabonds » puisque nous les avons laissés pourrir…

Il ne reste qu’à reconnaître, qu’à oser se dire, « je suis malheureux ! je suis malheureuse ! » Quelles sont mes véritables aspirations? Pourquoi ai-je mal ? Où ai-je mal ? Comment ai-je mal? D’où me vient cette souffrance ? Qu’ai-je fait ou négligé de faire pour meretrouver ainsi ? Et surtout reconnaître que ce n’est pas de la faute des autres.

Ces «schémas» nous condamnent et nous entraînent à la« distanciation » de façon accélérée, pour pouvoir « tenir, coûte que coûte » parce qu’il y a la vie courante, le loyer, les échéances à payer…Loin de nos sensations, loin de nous-mêmes.

Si mentalement nous renonçons à nos crispations en découvrant :

1 – leur origine,

2 – leurs manifestations matérielles,

3 – le « désamorçage possible » – en mettant en œuvre les moyens susceptibles de les corriger, la fin des situations douloureuses sur le plan matériel concret s’organisera d’elle-même. Vous pourrez progressivement mettre de l’ordre dans le chaos sans trop souffrir, puis d’autres opportunités se présenteront presque « miraculeusement » qui viendront remplacer comme par hasard et plus «intelligemment » ce qui obscurcissait votre existence…

Aussi faut-il reconnaître, puis empoigner chaque douleur pour « l’exorciser » lui retirer son côté venimeux, dû à notre ignorance, afin d’y mettre fin ! C’est un travail quotidien auquel nous ne pouvons nous dérober, puisque de toute façon, nous devrons immanquablement nous confronter à cette souffrance.

2 – yogas citta-vrtti nirodhah – Le yoga est la cessation de la fragmentation mentale (Qu’est ce que la fluctuation du mental ?) – Le mental ne s’intéresse qu’à ce qui bouge – Dans l’agitation mentale, il n’y a pas de conscience véritable. Au cinéma, pour voir l’écran (la conscience), il faut faire abstraction du film (l’agitation mentale) (Il est intéressant de constater que, selon les recherches des neurobiologistes, la pratique de la stabilisation du mental par sa focalisation puis par sa fusion avec un objet/un concept constitue une procédure d’apprentissage qui se révèle particulièrement favorable à la multiplication des liaisons, des connexions entre les neurones, créant ainsi de nouveaux réseaux et développant l’intelligence…

Seule l’expérience personnelle, résultante d’une pratique assidue et ininterrompue est préconisée, le reste ne présentant aucune importance, quand il ne constitue pas une entrave à l’évolution, au développement de l’être, à la Libération ultime…

– Alors par l’anéantissement des fluctuations, le chercheur spirituel retrouve sa nature originelle, Atman.

– Dans l’autre cas, il y a identification aux fluctuations du mental (émises par le Continuum psychique).

Patanjali explique aussi :

– Douloureuses ou non douloureuses, les fluctuations du mental sont de cinq sortes :

– – Pramâna : savoir réel

– Viparyaya : savoir erroné

 Vikalpa : imagination

– Nidrâ : sommeil

– Smritayah (smriti) : mémoire

 – La Connaissance correcte trouve ses sources dans le témoignage, la déduction, l’intuition.

– Les conceptions fausses sont basées sur une perception inexacte de l’objet.

– Un mot évoquant une image mentale vide de toute substance appartient à l’imaginaire.

– Le sommeil profond est celui qui ne présente aucune modification (activité) du contenu mental

– La mémoire est constituée par la conservation des empreintes laissées par les expériences vécues.

La pratique du « détachement » supprime les fluctuations du mental, permettant ainsi l’accès à Atman, la Conscience pure

– La pratique assidue ayant pour objet le détachement, constitue l’effort nécessaire pour acquérir cet état. Atman (le Spectateur dans « Jivatman ») demeure non touché par la souffrance, les empreintes laissées par les actes passés (empreintes qui constituent le Continuum psychique).

L’intériorisation à partir de la vibration OM

OM est la vibration qui représente Brahman. – Sa répétition (OM – AUM) induit son assimilation.

À partir de cette pratique, la conscience se tourne vers l’intérieur et les obstacles disparaissent.

 Les « obstacles », leurs symptômes :

Vyâdhi-styâna-samsaya-pramâdâlasyâvirati-bhrântidarsanâlab dhabhumikatvânavasthitatvâni chittaviksepâsteantarâyâh

– Vyâdhi : maladie, douleur, souci,

– styâna : apathie, inertie, sans volonté, sans énergie

– samsaya : doute, incertitudes

– pramâda : procrastination, (tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser)

– âlasya : la paresse, léthargie

– avirati : l’avidité, le désir de jouissance, intempérance

– bhrântidarsana : l’égarement

– alabdhabbhûmikatva : l’incapacité à progresser, à trouver une raison d’avancer

– anavasthitatvâ : incapacité de se concentrer, instabilité, déséquilibre, inconstance,

– chittaviksepâh : difficultés psychologiques entravant la réflexion

– antarâyâh : les obstacles

Les symptômes inhérents aux obstacles précités sont : les souffrances physiques, la dépression, la nervosité, la respiration perturbée, l’incapacité de réfléchir.

L’élimination (d’un obstacle) s’exerce par la prise de conscience de la nature réelle de l’obstacle.

Ayant une perception lucide en ce qui concerne le bonheur, le malheur, la vertu, le vice, le mental demeure dans une attitude de distanciation bienveillante, de pitié sereine.

Par l’expiration et la suspension du souffle (à vide et sans contrainte), on peut contrôler, stabiliser le mental. L’attention posée sur les informations perçues par les sens stabilise le mental. Sans activité mentale, la mémoire purifiée apparaît complètement vide d’objets (empreintes, fluctuations). La cessation de l’activité mentale induit l’expérience spirituelle pure, l’illumination. Cette Connaissance est différente de celles acquises par le témoignage ou la déduction.

Le yoga constitue une ascèse qui implique de s’investir complètement dans l’étude de soi, des textes. Pour accéder au samâdhi (l’anéantissement des fluctuations du mental) il faut commencer par l’amoindrissement des souffrances. L’ignorance, l’identification au « Je/CP1 », le désir et l’aversion, l’attachement à la vie sont des souffrances. Les souffrances psychiques peuvent être réduites, éliminées. Les souffrances psychiques peuvent être évitées par la méditation. Les souffrances anciennes (structures psychiques mémorisées) constituent une bibliothèque invisible, qui s’actualise à travers des actes visibles au présent. La souffrance qui n’est pas encore là peut et doit être évitée. L’identification du « Spectateur/Atman/Ce qui voit », avec ce qui est Vu (le visible, la matière) doit être évité. Le Vu (la manifestation, la matière) constitué par les éléments, perçu par les organes des sens, a pour but l’expérience, l’Éveil de la Conscience.

3 –  Les huit piliers du yoga : – yama niyama asana pranayama pratyahara dharana dhyana samashayo stav angani – Le yoga est constitué en huit parties – La quête spirituelle implique pour obtenir quelques résultats un travail à tous les niveaux, dans tous les secteurs et surtout de connaître le sens de la démarche.

1 – Yama – auto-discipline – discipline / 2 – Niyama Le contrôle de soi / 3 – Asana la pratique des postures / 4 – Pranayama. Le contrôle du souffle / 5 – Pratyahara Le retrait des sens / 6-Dharana Concentration / 7 – Dhyana La méditation / 8 – Samadhi L’illumination

Chacune de huit étapes favorisent la suivante. Le samadhi est un état avancé de la méditation, la méditation elle-même un état avancé de la concentration qui n’est possible quand nous ne sommes pas dérangés par les sens extérieurs. Mais cela n’est possible que si l’on maîtrise le souffle (l’énergie vitale), qui ne peut se faire que si l’on rester assis confortablement (les postures). On ne peut pratiquer les postures que si l’on a un certain contrôle de soi et de la discipline.

1 – YAMA –  au nombre de cinq – Cinq Règles organisent nos relations avec le monde

Ahimsâ satyâ asteya brahamacharyâ parigrahâ yamâh

1) Ahimsâ : non-nuisance respect de la vie, non-violence (Les pensées nocives de violence venant de soi ou des autres, issues de l’envie, la colère, de l’égarement accompagnent (faiblement, moyennement, intensément) la souffrance, l’ignorance et produisent des résultats sans fin, tant qu’elles demeurent.

2) satya : réalité (conforme à ce qui est/sat), authentique, véracité, exactitude, La vérité

3 asteya (steya – résister) : abstention d’une appropriation indue, ne pas voler

4) brahma + charya (carya) : mode de vie de brahman, de conduite selon le Veda, Brahman, (dont l’abstinence)

5) aparigrahâ : indépendance, refus de toute possessivité, vis-à-vis des êtres comme des biens (tous éphémères, non-accumulation des biens matériels, mesure en toute chose.

2 – Niyama Le contrôle de soi  Les NIYAMAS – cinq règles encadrent et  structurent la vie Personnelle.

Sauca samtosa tapah svadhyaya isvara Pranidhanani niyamah

1) Sauca propreté, hygiène de vie physique, alimentaire, mais aussi purification des pensées.

2) Samtosa le contentement, la capacité de garder sa sérénité en toutes circonstances.

3) Tapah ascèse positive – La pratique soutenue élimine progressivement les problèmes de santé et améliore le fonctionnement du corps et des sens. Centrage de l’énergie.

4) Svadhyaya l’étude de soi, l’étude des textes, le questionnement intérieur, l’étude par la méditation.

5) Isvara Grande attention à ses pratiques – l’amour, la loyauté.

3 – Asana – 4 – Pranayama – 5 – Pratyahara sont des vecteurs qui facilitent la prise de conscience du corps, à la fois au niveau physique et psychique et de la Conscience elle-même, quand dans l’instance « spectateur » l’Énergie originelle prend conscience d’elle-même ; c’est par la pratique que nous comprenons ce qui se passe dans notre corps et notre psychisme.

3- Asana  – Asana sthira sukham asanam La posture doit être stable et confortable. Avec les postures, on travaille l’assise physique, mais également psychologique. Le relâchement continu de la tension musculaire facilite la perception du schéma corporel. (Sans tensions) Les flux énergétiques de polarité différente ne se heurtent plus, l’énergie circule harmonieusement. Les postures visent à la fois un développement corporel, mental et spirituel. La stimulation de l’hypophyse favorise la vie spirituelle.

4 – Pranayama – Prânayama tasmin sati svasa-prasvasayor gati-vicchedah paranayamah – Contrôle de l’énergie vitale

1- Équilibre entre les 4 phases du souffle expir/pose/inspir/pose et maîtrise de l’énergie

2 – Véritable « interface » entre la matière/visible et le mental/invisible. Alors ce qui cache la Lumière (au sens spirituel du terme) disparaît. Aide à la disparition des tensions émotionnelles.

5 – Pratyahara- pratyahara desa-bandhas cittasya dharana : Le retrait des sens est une étape essentielle dans le processus d’intériorisation. Lorsque le mental est séparé des sens, il est plus facile de se concentrer.

Les trois dernières instructions traitent de l’accession à la Liberté par la méditation

Dharana Dhyana Samadhi

 Dharana  La focalisation/dharana consiste à poser son attention sur un seul sujet. Fixer le mental sur un lieu ou un objet permet de restreindre le mental à un champ donné. La « concentration » évoquant dans notre éducation (« Mais concentre-toi un peu… ») une notion d’effort soutenu, de tension, absolument contraire à l’état de méditation, le terme de focalisation, moins connoté, sera tout au long du texte utilisé. Le principe étant de « poser délicatement », dans la détente la plus absolue, une parfaite neutralité, sans aucune implication personnelle son attention sur « un seul » objet/concept… Les distractions spontanées sont à écarter tranquillement, sans agacement, pro gres -si vement elles se feront plus rares, à mesure du développement de nos facultés de concentration. La calme neutralité demeure la base du travail. Elles ne sont que des images qui passent et s’effilochent avant de disparaître…

Dhyana : tatra paratyaya-ekatanata dhyanam Quand le mental coule de façon ininterrompue avec un objet, quand la concentration est totale on parle de méditation.

 Samadhi : tad eva arthamatra-nirbhasam svarupa-sunyam iva samadhihDans la méditation, il reste la conscience de celui qui médite. Cette conscience disparaît dans le samadhi. Plus de souffrance ne peut être créée. La maîtrise de la Conscience permet d’accéder à l’invisible. L’accès, la mise en œuvre des plans subtils se font progressivement. Il n’y a plus d’attachement.

 LES DEUX NIVEAUX DE SAMADHI enseignés par Patanjali.

Le Samprajnâta Samâdhi et l’Asamprajnâta-Samâdhi correspondent approximativement au Savikalpa-Samâdhi et Nirvikalpa-Samâdhi de la philosophie du Vedânta.

1 – Dans le Samprajnâta-Samâdhi ou Sabîja-Samâdhi subsistent encore des processus psychiques (les Klesha/souffrances) qui interdisent à ce niveau l’accès au Samâdhiultime totalement débarrassé des germes (pensées, concepts).

 2 – L’Asamprajnâta-Samâdhi ou Nirbîja-Samâdhi le Samâdhi suprême, se caractérise par l’abolition des Vasanas (idées, aspirations, empreintes) et l’Abandon de tous les liens.

 Les Yoga Sutras de PATANJALI

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