Bhagavadgītā
La Bhagavad Gītā est un poème du Mahābhārata, composé de 650 vers et divisés en dix-huit chapitres. La Gītā est un texte sacré où Kṛṣṇa partage sa connaissance spirituelle avec Ajuna Ce dialogue se déroule sur le champ de bataille dans la plaine de Kurukṣetra (l’arène sacrificielle des devas, le champ du dharma ), le premier jour de la guerre entre les Pāṇḍavas et les Kauravas. Il est raconté par Sañjaya, le ministre et les « yeux » de Dhṛtarāṣṭra. C’est interessant ici de voir que l’intrigue se passe sur le champ de bataille , Kṣetra représente symboliquement Prakṛti( la vie, énergie de vie, Création), et signifie « champ » ou « étendue de terre » dans le sens de « champs sacrés » ; Kuru représente une lignée englobant les guerriers et les familles royales des Pandavas et des Kauravas, mettant en évidence l’héritage culturel, les conflits et les liens avec les figures divines et la géographie sacrée. C’est à dire que nous sommes sur la terre comme lieu sacré, sur le champ sacrificiel de la vie, dans la lignée de nos ancêtres dans le cycle du Saṃsāra (le grand arbere de la transmigration). Ce champ est le lieu de la bataille intérieure.
Le Mahābhārata est un grand poème épique qui raconte l’histoire des cinq frères Pandavas et la rivalité avec leurs cousins, les cent Kauravas. Mahābhārata est composé de « Mahā » qui signifie à la fois « grand » et « total », et de « Bhārata », qui désigne la famille Bhārata , c’est à dire l’humanité toute entière ; une grande histoire qui fait référence aux processus universels et à l’être humain, émanations de la suprême conscience. C’est une allégorie sur le cheminement que chacun peut accomplir de sa condition matérielle à sa condition spirituelle, étape après étape.
Bhagavad-Gita-Interaction-Engin Akyurt-Pixabay
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Contexte dans le Mahābhārata
Au nord de l’Inde, le royaume de Bhārata est dirigé par le roi Pāṇḍu, le plus jeune des fils de Vyāsa, car son frère Dhṛtarāṣṭra, aveugle ne pouvait pas monter sur le trône.

Auteur inconnu – peinture entre 1830-1850 Brooklyn-Museum- considérée comme n’ayant aucune restriction de droit d’auteur connue par les institutions du Brooklyn Museum.
Les Pāṇḍavas – Côtés positifs de la personnalité
Pāṇḍu juste après son mariage tue accidentellement un brahmane et sa femme en train de faire l’amour le prenant pour un cerf. Avant de trépasser, le sage le maudit, le condamnant à mourir sur-le-champ à l’instant même où il aurait des relations sexuelles avec l’une de ses épouses (Kuntī et Mādrī). En raison de cette malédiction, Pāṇḍu ne peut avoir d’enfants. Pourtant avec sa première épouse, il aura trois fils, Yudhiṣṭhira, Bhīma et Arjuna. Le premier, Yudhiṣṭhira est engendré par Dharmarāja (la divinité du Dharma grâce à un mantra), le second Bhīma avec Vāyu (le dieu du vent, toujours avec le pouvoir des mantras secrets de Kunti) et le troisième, Arjuna avec Indra, (le roi du ciel, de la foudre et du tonnerre – l’une des cinq formes d’Agni, le feu de l’espace) .
- Yudhiṣṭhira fait référence à la personnification du dharma en digne héritier de son père énergétique Dharmarāja. Son arme est la lance qui représente la la sagesse. Yudhiṣṭhira est bon, doux et compassionnel et droit (incarne le dharma). Symbolise la justice.
- Bhīma : son nom fait référence à sa force extraordinaire. Son arme est la massue qui représente la détermination et l’autorité. Symbolise la force.
- Arjuna signifie : blanc, clair, brillant, de la couleur du jour en raison de sa droiture dans l’action. Son arme est l’arc qui représente la discipline, la concentration et la vivacité d’action. Symbolise le dévouement.
Avec sa seconde épouse, Mādrī, il a des jumeaux, Nakula et Sahadeva, eux-mêmes engendrés par deux frères, les Aśvinī-kumāra (Aśvinīdevas) et toujours avec le mantra secret.
En guise de pénitence supplémentaire pour cet acte, Pāṇḍu renonce également au pouvoir au profit de son frère aveugle, Dhṛtarāṣṭra pour se réfugier dans la forêt et accomplir des austérités (méditation – contemplation). Plus tard, ses enfants seront confiées aux bons soins de Bhīṣma, l’oncle de Pāṇḍu et Dhṛtarāṣṭra. Bhīṣma étant également, le commandant suprême des forces des Kauravas. Les enfants de Pāṇḍu et Dhṛtarāṣṭra sont élevés ensemble et tous considèrent que l’heritier légitime du trône est Yudhiṣṭhira.
- Nakula : affixe : « na » dans le sens humilité et « kula » : Abhinavagupta explique que le terme « kula » dérive de la racine « kul », qui signifie « se rassembler en groupe ». Cette racine a également un sens : « condensation ». Si le premier sens fait allusion à l’ensemble des souffles vitaux, des organes sensoriels, des éléments, etc., qui constituent le corps psychophysique, le second désigne l’état de conscience « condensé » qui, pour ceux qui ignorent ce processus, est un esclavage. D’un autre point de vue, kula est kaulikī śakti, qui est à la fois l’énergie du pouvoir de la conscience qui donne vie au corps et renforce les sens et l’esprit. Ainsi, kula est à la fois la nature essentielle des phénomènes extérieurs, leur manifestation en tant que représentation perceptive et conceptuelle, et le Soi de chaque être vivant. (Wisdom lib). Son arme est l’épée qui représente le courage, mais également le discernement et la conscience non duelle. Ses qualités sont la puissance et l’unité. Symbolise l’amour.
- Sahadeva : « saha » : rassembler ; « deva » : qui brille, qui appartient au ciel. Son arme est la hache qui permet de rompre avec les attachements, l’orgueil et l’illusion. Symbolise la connaissance dans la stabilité.
Le rôle de Draupadī
Draupadī est la fille du roi Drupada, l’appui de Kṛṣṇā, et l’épouse des cinq Pāṇḍavas. Elle captive Arjuna lors de sa cérémonie de Svayaṃvara (une cérémonie où une femme , généralement une princesse choisit son mari entre tous les prétendants ui se présentent), et lorsque lui et ses frères rentrent chez eux, ils annoncent à leur mère que ce jour là, ils ramènent un fabuleux joyau. Sur quoi la mère répond : « Eh bien, mes chers enfants, partagez-le entre vous. » Comme ses paroles une fois prononcées ne peuvent être défaites, elle devient l’épouse des cinq frères. Lorsque Yudhiṣṭhira perd son royaume, ainsi que lui-même et Draupadī, au jeu, elle est grossièrement insultée par Duhśāsana (la soeur de Duryodhana) et par l’épouse de Duryodhana. Mais elle supporte ces insultes et d’autres du même genre avec une patience et une endurance peu communes, et à plusieurs reprises, lorsqu’elle et ses maris sont mis à l’épreuve, elle sauve leur réputation . Sans Draupadī , les cinq principes (les 5 élements) resteraient inertes. En quelque sorte, elle est Prakṛti, Śakti, l’énergie de la conscience qui permet au monde d’exister. Et sans Krishna (le conducteur du char), ils n’auraient aucune direction .
Les Kauravas – Les côtés négatifs de la personnalité
Dhṛtarāṣṭra, le roi aveugle est marié à Gāndhārī qui pour partager le sort de son mari, décide de se bander les yeux à vie. Ensemble, ils ont cent fils et une fille. L’aîné de leurs fils s’appelle Duryodhana (signifiant : « dur » ou «mauvais» & « yodhana » : «combattant») et leur fille, Duḥśalā.
- Dhṛtarāṣṭra représente manas, aveugle et guidé par les sens.
- Bhīṣma avec la vue, et étant le commandant suprême des forces des Kauravas représente l’ahamkāra, l’ego, la séparation.
- Gāndhārī est le pouvoir des désirs insatiables (elle s’est volontairement bandée les yeux) et pousse sans cesse son fils Duryodhana à la lutte pour le pouvoir.
- Duryodhana représente la matérialité qui sans discernement anime la violence et la haine.
- Duḥśalā symbolise les mauvais choix.
L’hostilité de Duryodhana envers les frères Pāṇḍava résulte de sa conviction sincère qu’en tant que fils de l’aîné de la lignée (Dhṛtarāṣṭra), il est bien l’héritier du trône. Comme son père avait dû renoncer au pouvoir en raison de sa cécité , en faveur de Pāṇḍu, il est convaincu que ce qui lui revient de droit est donné par favoritisme à son cousin aîné Yudhiṣṭira.
Duryodhana n’a de cesse de combattre ceux qu’ils considèrent comme ses ennemis, ses cousins. « Dans ses plans obscurs, il est aidé par son oncle Śakuni ( le frère maléfique de Gāndhārī et son ami notoire) : ce dernier joue aux dés et n’a pas d’égal dans l’art de la tricherie pour gagner. Duryodhana sachant que Yudhiṣṭira a un faible pour le jeu, l’invite donc à une partie de dés. Śakuni joue pour Duryodhana, et inévitablement gagne. Dans sa faiblesse, Yudhiṣṭira met en jeu peu à peu tout ce qu’il possède, y compris son royaume, ses frères, et même leur épouse, Draupadī. C’est le triomphe de Duryodhana grâce à Śakuni. Il exulte et insulte les Pāṇḍavas devant toute la cours horrifiée. il est alors obligé d’accorder la pleine liberté aux Pāṇḍavas, et tous retourne dans leur royaume. Cependant sa haine n’a pas de limite et il persuade son père d’inviter de nouveau les Pāṇḍavas à une nouvelle partie de jeu. Le perdant devrait cette fois partir dans la forêt, et vivre une vie d’austérité pendant douze ans, et rester invisible durant toute la la treizième année, au risque de devoir mener cette monastique vie pendant douze autres années. Yudhiṣṭira accepte la partie de dés et l’enjeu, et perd de nouveau. Les frères Pāṇḍavas sont donc condamnés à vivre douze ans dans la forêt, pratiquant des austérités, rencontrant des sages, en écoutant leur enseignement. Puis ils passent la treizième année de leur exil au royaume du roi Virāṭa (sans que celui-ci en ait connaissance) sous des déguisements divers… Malgré les recherches acharnées de Duryodhana, ils ne sont pas découverts et demandent à revenir à Hastināpura. Cependant Duryodhana qui a déjà réclamé leur royaume, refuse de leur donner le moindre morceau de territoire. Il conclut des alliances avec d’autres rois puissants en vue d’une guerre éventuelle. Kṛṣṇa fait des tentatives de réconciliation, mais Duryodhana ne céde pas et son père n’a pas le courage ni l’intelligence de l’arrêter dans cette folie. La guerre est ainsi inévitable. » Bhagavad Gītā – Swami Chinmayananda
Ce que l’on voit ici, c’est un mental tourné vers les seules expériences matérielles qui d’un côté avec Yudhiṣṭira va mener toute sa famille à leur perte. Et d’autre part avec Duryodhana englué dans le ressentiment et la haine engage tout son royaume et ceux de ses alliées dans la guerre.
Eléments (Pañcabhūta) & Cakras
« Les chakras sont l’essence du cheminement du yogi
- Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.
- Ce qui est contenu dans le corps est le reflet des principes cosmiques, le flux de la création. Les éléments (pañcabhūta) sont représentés dans le corps au niveau de chaque cakra.
- Tous les schémas (créés dans cette vie-ci ou auparavant) perdurent dans le corps astral. Lorsque nous perdons le corps physique, subsiste le corps astral avec toutes ses mémoires. Toutes les impressions sensorielles , expériences, jugements, j’aime, j’aime pas, etc., créés dans cette vie-ci ou auparavant, sont conservés dans les cakras.
- La colonne vertébrale qui est le pilier du corps dans toutes ses dimensions est l’axe du système nerveux et des réponses des sens en lien avec le cerveau ; là se déroulent de nombreuses interractions énergétiques.
- Les chakras sont principalement des lieux au niveau astral de canalisation, stockage et orientation du flux énergétique. » (Siganesh Sairaman)
Les Pandavas – Les Eléments (fondations de la création) & Cakras
- Yudhiṣṭhira représente l’élement de l’éther (Ākāśa) ; il est le premier né des lignées des Pandavas et des Kauravas, le support de toute la création. Il symbolise viśuddhi cakra, le chakra de la gorge, la sagesse, le dharma, l’intégrité, la clarté et la droiture.
- Bhīma représente l’élement de l’air. Il est le deuxième de la lignée des pandavas et est né en même temps que Duryodhana, l’aîné des kauravas. Il symbolise anāhata cakra, le coeur qui définit tout ce que nous aimons et n’aimons pas, ces sentiments auxquels nous sommes particulièrement attachés. Le pouvoir du coeur (compassion, ouverture, inclusion) est la plus grande force de la vie. C’est la raison pour laquelle Bhīma est plus grand guerrier du champs de bataille de Kurukṣetra. Durant cette bataille, Bhīma et Duryodhana vont souvent s’affronter directement, car ils constituent les deux forces opposées du coeur.
- Arjuna représente l’élement du feu. Il symbolise manipūra cakra, le chakra du ventre, la volonté et le contrôle de soi qui vont amener à la célébration de la vie. Cependant si le côté négatif prend le dessus, l’agressivité et le contrôle des aspects extérieurs amèneront au désastre.
- Nakula représente l’élément de l’eau. Il symbolise svādhiṣṭhāna cakra, le chakra sacré. Quand le flot de l’eau est régulier et constant, cela apporte une grande harmonie avec ce qui importe vraiment dans la vie, la flexibilité, l’adaptabilité, la création. Inversement, comme l’eau n’a pas de forme, elle peut couler n’importe où et entraîner dans des directions qui ne vont pas dans le bon sens et mener à la perte.
- Sahadeva représente l’élément de la terre. Il symbolise mūlādhāra cakra, le chakra racine, la stabilité dans notre vérité. La terre est la base à partir de laquelle le processus va pouvoir se dérouler. En cas de doutes et d’insécurité, c’est tout le mouvement qui est altéré.
Kṛṣṇa, le personnage central du Mahābhārata
Kṛṣṇa est le fils de Vasudeva et de Devakī ; il est le neuvième avatar de Mahāviṣṇu (la divinité de la préservation ou force intérieure de la résilience). Vasudeva a deux épouses, Rohiṇī et Devakī ; cette dernière a eu huit fils, dont le huitième est Kṛṣṇa. Kaṃsa, roi de Mathurā et cousin de Devakī apprend par une prédiction que l’un des fils de sa cousine le tuerait ; il retient donc Vasudeva et sa femme en captivité et fait mourir leurs six premiers enfants ; le septième, Balarāma, est sauvé en étant extrait du ventre de Devakī et transféré dans celui de Rohiṇī. Quant au huitième, Kṛṣṇa, il naît avec la peau noire et une marque particulière sur la poitrine. Son père Vasudeva réussit à s’échapper de Mathurā avec l’enfant et le confie à un berger nommé Nanda et sa femme Yaśodā. Kṛṣṇa et Balarāma, lui aussi adopté par la même famille, grandissent ensemble, jouant dans les bois avec des fils de bergers. C’est un enfant gai et malicieux qui joue merveilleusement bien de la flûte et qui accomplit très jeune des exploits digne des dieux. Après qu’il ait fait disparaître Kaṃsa, il construit une ville appelée Dvārakā où les habitants de Mathurā s’installent.
Kṛṣṇa fait preuve de compassion, patience, indulgence, justice, impartialité, détachement, invincibilité, générosité, honnêteté, vérité, contrôle de soi et beauté. Il maîtrise parfaitement les arts de la danse, du chant et de la musique. Ces dispositions qui sont en nous-même, puisque rappelez-vous, toutes les divinités sont des forces intérieures, et servent de guide à chacun pour cultiver une personnalité équilibrée pour vivre en harmonie.
Kṛṣṇa et cakra
- Ājñā cakra est le point unique dans le corps où la dualité est particulièrement visible, avec un côté nettement positif concernant notamment la qualité de clairvoyance. Le côté négatif est celui du mental et de l’ego non éclairés.
- Kṛṣṇa symbolise l’aspect positif d’ājñā, l’unité, la clarté mentale tandis que Bhīṣma, celui de l’ego et de la séparation.
- Kṛṣṇa est le guide intérieur comme une sorte de boussole qui aide à garder le cap lors des tempêtes.
- Un dernier point, il danse, il joue de la flute, il nous enchante : qu’est-ce que cela dit? Vivons notre vie au mieux dans la joie ; la vie , c’est l’impermanance et elle est temporaire avec ce corps-ci!
Kṛṣṇa joue une rôle de médiateur dans le conflit. Sollicité à la fois par les Pāṇḍavas et les Kauravas, il octoie son armé à Duryodhana et il accepte de conduire le char sur lequel se trouve Arjuna au centre du champ de bataille. Ceci est très symbolique, c’est donc la conscience Arjuna qui va guider et non pas l’ego/mental.. C’est Arjuna qui a demandé à Kṛṣṇa de diriger le char entre les armées, car ce qui est dit ici, c’est que nous avons le choix en quelque sorte : « sortir » de la souffrance ou « subir » notre condition matérielle. (Paragraphe : 2.39 : « Tu as reçu de Moi, jusqu’ici, la connaissance analytique de la philosophie du Sāṃkhya, la création. Reçois maintenant la connaissance du yoga, qui permet d’agir sans être lié à ses actes. »)
Le Char serait notre corps et notre mental. Les 5 chevaux, nos 5 sens et les rênes, notre capacité de discrimination qui nous permet de trouver l’équilibre entre nos désirs discordants. (Paragraphe : 2.71 : « Celui que les plaisirs matériels n’attirent plus, qui n’est plus esclave de ses désirs, qui a rejeté tout esprit de possession et qui s’est libéré de la tyrannie de l’ego, peut seul connaître la sérénité parfaite. »)
Commentaire Joëlle : « Merci pour votre initiation complète et précise. J’aborderai l’ouvrage différement. »
Chapitre 1 – La détresse d’Arjuna (p.23 – verset 1 – verset 36) – Nadège
A- Kurukṣetra
Alors que les yoga-sutras de Patañjali (un autre texte fondamental pour l’approche du yoga) sont comme des cartes IGN qui dirigent une conscience intérieure, la Bhagavadgītā, elle nous plonge au coeur de l’affect et des sentiments humains. Les êtres humains sont des êtres d’émotions qui expérimentent le monde par les cinq sens. Ces impressions sont ramenés au mental , l’ego qui va les traiter à travers le filtre de nos expériences passées, conditionnements, divers, traumas, etc. La réalité n’est donc jamais directe, elle est filtrée, c’est ce qui est appelé « māyā », l’illusion.
Dès ce premier chapitre, nous sommes au coeur d’un drame, d’une dramaturgie tout à fait humaine. Deux camps opposés sont sur le champ de bataille. La guerre va commencer.
Le premier verset donne le ton de l’intrigue et le sujet du poème : » Que firent les fils de Pāṇḍu et les miens quand désireux de combattre, ils s’assemblèrent dans la plaine sacré du Kurukṣetra (le champ de l’accomplissement du dharma), ô Sañjaya? » : ici est exposé le terme qui guide tous les pratiquants du yoga, « le dharma ». C’est un terme qui comprend le mot « dhar » , un suffixe signifiant celui ou ce qui porte/transporte/tient/soutient & « ma » qui possède les trois significations suivantes : prospérité, honneur et mère. DHARMA , ce sont donc les lois cosmiques ainsi que les lois éthiques qui soutiennent le monde; en quelque sorte les lois fondamentales; si ces lois sont transgressées, il y a péril en la demeure. Cette première stophe est dite par Dhritarashtra (Dhṛtarāṣṭra) alors que toute le reste de l’histoire est raconté par Sañjaya, ministre de Dhṛtarāṣṭra. Sañjaya incarne la connaissance intuitive, il est capable d’observer tous les détails exacts (sans filtre) de la bataille.
Versets 2 à 11 : ils sont consacrés à Duryodhana qui malgré sa nombreuse et puissante armée sent sa confiance l’abandonner. Il est en proie à l’agitation et projette ses « peurs » sur Droṇācārya, son maître d’armes qui a été à la fois le précepteur des Pāṇḍavas et des Kauravas. Droṇā avait fermement condamné l’exil des Pāṇḍavas par Duryodhana et ses frères, ainsi que leurs mauvais traitements envers les Pāṇḍavas, et l’usurpation de leur royaume. Mais, en tant que serviteur du royaume, Droṇācārya a le devoir de combattre pour les Kauravas, et donc contre les Pāṇḍavas. ici, il y a deux point : Duryodhana qui se retrouve dans une situation délicate de part son « mauvais » comportement et a besoin de se rassurer sur son issue et d’autre part Droṇā qui représente le devoir et la loyauté (« Svadharma » : son propre devoir, son propre dharma, sa propre voie), doit accomplir sa mission.
Versets 12 à 19 : dans ces versets, sont recensés tous les plus grands guerriers (généraux – mahārathīs) de l’armée des Pāṇḍavas. Sañjaya décrit ce vacarme comme terrifiant pour souligner la force des Pāṇḍavas à Dhṛtarāṣṭra et lui suggérer d’avoir la sagesse de retirer ses troupes. Quand nous retrouvons dans une situation délicate que nous avons contribué à créer, il y a toujours une possibilité de faire marche arrière, s’excuser par exemple.
Versets 20 à 25 : ici entrent en scène nos héros, Arjuna & Krishna (Kṛṣṇa). A ce moment Arjuna est parfaitement déterminé à mener la bataille avec celui qui guide sont char Kṛṣṇa. Il y a un moment dans notre vie, poussés par des souffrances inapaisables, la colère ou l’impression d’injustice et une conscience qui veut émerger (Kṛṣṇa), la décision de prendre soin de soi, de regarder, de comprendre ce qui se passe en nous, se dessine. Avec vaillance et détermination, nous sommes prêts à mener la grande bataille de notre vie. Kṛṣṇa alors prononce ces mots : « ô Pārtha vois les Kuru rassemblés ». Pārtha vient de « Pārthiva » qui fait référence à « l’argile », à la « terre ». Il rappelle qu’Arjuna dans cette histoire est le représentant de l’être humain, le simple mortel.
Versets 26 à 36 : « Alors Pārtha vit là, dans les deux armées, des pères, des grand-pères, des maîtres, des oncles maternels, des frères, des petits-fils et des amis », etc. Au moment de livrer bataille (quelle qu’elle soit aux différentes étapes de notre cheminement yogique), nous voyons ce qui nous attend, tout ce qui nous constitue va être chamboulé. Il y a de nombreuses peurs et beaucoup d’émotion. Nous sommes attachés aux différents aspects de notre personnalité, même s’ils sont problématiques et nous savons que cet engagement va nous demander d’abandonner des parties de nous mêmes. Il y a de l’apitoiement sur ce que nous sommes, ce que nous avons subis ; souvent nous ruminons là-dessus, nous ressentant comme victime. C’est un bouleversement qui nous attend et nous aimerions pouvoir y échapper, trouver le calme sans cet effort dantesque. Il y a donc une confusion qui s’installe chez Arjuna qui offre tous les signes de l’anxiété. A ce stade, ce sont ses émotions qui prennent le contrôle, il n’est absolument pas capble de voir ce qui se passe réellement et se laisse dominer. Il est vrai que pour ceux qui sont passés par ces « crises existentielles », la douleur est intense et on trouve toutes les raisons pour y échapper. Arjuna aimerait que Kṛṣṇa le conforte dans ses justifications, mais celui-ci se tait. En clair, la conscience écoute et attend patiemment. Arjuna perd sa clairvoyance et prend le parti de ses mauvais penchants : « finalement, ce n’est pas si grave », nous nous disons quelquefois.
Commentaire Gaëtan :
- « J’ai été d’abord surpris par le titre du premier chapitre, jusqu’au verset 7, « yoga de la détresse d’Arjuna ».
- En quoi est-ce un yoga quand les personnages principaux, Dyryodhana et Arjuna, tels les deux faces d’une même pièce, sont soumis à la confusion et semblent avoir une attitude adharmique?
- Je le comprends à présent comme un point de départ nécessaire pour rendre possible la quête de sens propre au yoga. L’un d’eux, continuera à se fourvoyer, quand bien même les indices de sa défaite prochaine sont déjà présents dès le début, il mène un combat sans conscience; quand l’autre traversera les flammes pour se purifier et devenir ce qu’il doit être en suivant son svardharma. »
Bagavagîta – Chapitre 1 – la détresse d’Arjuna – Versets 37 à 47 – Chérifa
Versets 37 à 43
- Arjuna, continue son argumentation, en exposant à krishna les conséquences de l’auto destruction de la famille. Commettre le crime de tuer les membres de sa famille revient à troubler l’ordre de la sociéte, (il évoque les femmes qui deviennent corrompues , (on peut supposer que les femmes portant au monde, les individus en devenir, le renouvellement des générations, si dans leur sein, il y a des émotions de tristesse ou de vengeance cela se transmet, et porte atteinte à la paix et l’harmonie de la societé) , anéantir l’héritage des ancêtres et emmener la famille à vivre à jamais dans l’enfer (enfermement : l’état de vie dominé par l’obscurité/l’ignorance à la loi du dharma).
- Les principes de transmission de généalogie sont, il me semble évoqués. Et le principe de respect des ancêtres, des racines, de l’héritage des traditions, pour que la famille et la société par extension soit prospère et en paix, c’est-à-dire en harmonie avec le dharma.
- Ce sont des principes, cohérent si ces crimes sont commis par avidité, colère ou autres motivations qui portent atteinte aux lois cosmiques naturelles, Arjuna argumente la situation comme si cette bataille avait lieu pour des désirs personnels motivés par la soif de pouvoir ou de richesses.
Le verset 44
- Nous indique bien cela, il voit cette situation comme un péché « par soif des plaisirs de la royauté ». On peut observer qu’à ce moment là, il ne sait plus pourquoi il est ici, dans ce char, au milieu d’une bataille qui est sur le point de commencer, il ne perçoit plus la cause de sa présence, sur le champ de bataille, la motivation de rétablir la famille, que son frère aîné puisse s’établir sur le trône, car c’est son rôle, et c’est primordial pour ne pas faire tomber la société dans les mauvaise voies : colère avidité ignorance
- Dire à Krishna, que cette bataille est motivée pour les plaisirs de la royauté peut nous indiquer, qu’Arjuna a l’esprit confus et le mental s’est retourné contre lui.
- A ce moment là, le mental ego prend le dessus et devient le juge qui dénigre et nous fait croire que nous sommes une mauvaise personne, c’est le doute douloureux de faire un mauvais choix, et la peur apparaît après avoir fait temps d’effort pour mener une action juste guidée par le choix du cœur et donc de notre conscience.
- Le dénigrement ( envers sa vie ) est tellement forte à ce moment là, qu’il consent à son sacrifice, être tué par ses cousins, totalement désarmé et sans résistance.
- Nous sommes quand même face à un héros, meilleur archer de son temps, entraîné et élevé en tant que prince ( c’est-à-dire qu’il a reçu les principes de noblesse : protéger la loi et les êtres ordianaires au péril de sa vie)
- La notion de sacrifice est inversée, sacrifier sa vie au sens noble, c’est protéger la loi du dharma sans ménager sa vie.
- Etre dans un sacrifice comme l’annonce Arjuna, est une forme d’ingratitude envers ce que la vie lui a offert, afin qu’il puisse vivre ce qu’il s’apprête à vivre.
- Nous sommes là, face aux tendances humaines devant un obstacle, une épreuve de la vie.
- Nous passons par cette phase de découragement, qui alimente le petit ego qui nous entraîne au dénigrement de notre vie, de la vie elle-même,
Arjuna, s’effondre, lâche ses armes : l’arc divin et le carquois inépuisable (donnés par les dieux pour ce moment)
- Lorsque nous dénigrons la vie, nous nous coupons de notre part divine, ces armes données par les dieux sont lachées au fond du char : c’est comme si Arjuna se séparait de sa part divine, de la part la plus noble de lui.
Là commence le yoga
C’est lorsque nous sommes dans une impasse, lorsque nos ressources connues sont épuisées et d’aucune utilité, lorsque nous percevons nos incohérences mentales, lorsque la souffance est tellement insurpportable que nous sommes face à ce choix
Je choisis la mort ou la vie
- Ce premier chapitre nous indique, que c’est dans une détresse ultime que le yoga peut être enseigné .
- Lorsque notre vulnérabilité d’être humain apparaît, la confusion de l’esprit et le corps en deconnexion au divin (il lâche ses armes : les mains, la capacité de création, de l’esprit à la matière )
- C’est lorsqu’il nous faut choisir entre la vie et la mort, que le maître apparait.
Krishna est dans le char, à coté d’Arjuna.
- Il écoute, il ne lui coupe pas la parole, ne cherche pas à le stopper. Il le laisse aller au bout du bout .. de sa complainte, il le laisse aller au fond du trou.
- On peut alors supposer que c’est une étape nécessaire pour qu’Arjuna puisse vivre ce moment complètement. Et totalement. Sans pudeur tel qu’il est à ce moment présent, confus et envahis par la peur.
Chapitre 2 – Le Yoga de la connaissance – Versets 1 à 11 – Chérifa
Verset 1 à 3
- Après ce monologue, Arjuna est submergé de pitié et de découragement, les yeux en larmes.
- Le deuxième chapitre s’ouvre sur le rappel de l’état du fils de Pandu.
- C’est le point de départ.
- Arjuna, devient la victime de la situation, les émotions l’ont emporté et il n’a pas la capacité à ce moment de faire face au défi de la vie.
Alors que Krishna est resté silencieux jusqu’alors, il prend la parole et lui répond :
- « O Arjuna, d’où vient ce découragement dont tu est la proie à un moment aussi crucial, sentiment indigne d’un Aryen,qui t’empêchera d’accéder au paradis des héros et à la gloire »
- Krishna s’adresse à Arjuna, en l’interpellant, et exprime sa surprise devant l’attitude du fils de Pandu.
- Il lui demande, d’où vient ce découragement à un moment aussi crucial.
- Il rappelle qu’une telle attitude n’est pas digne de qui il est, que cet état ne vient pas des cieux et ne peut le conduire au cieux.
- On peut donc, voir que krishna lui montre que les émotions qui se sont emparées de lui ne sont pas une émanation du divin ou du plan cosmique et que ça ne peut pas l’emmener à la réalisation de sa destinée, ni sur terre ni sur des plans supérieurs, c’est-à-dire la réalisation du grand Soi.
- Il le somme de se reprendre et de ne pas se laisser aller à ses pensées et émotions, à sa lâcheté et sa couardise ; il le somme de chasser tout cela de son cœur.
« Debout » lui dit-il
- Se redresser, se reprendre/ être ce qu’il est : un homme fort et courageux digne de son rang.
- Krishna n’est pas complaisant, il est tranchant, direct.
- On peut donc observer sa bienveillance envers son ami, car il ne dit pas des mots doux mais des mots percutants pour le faire réagir, on pourrait imaginer un saut d’eau froide comme pour lui faire reprendre ses esprits.
- On peut se dire qu’un vrai ami ne dit pas ce que nous voulons entendre mais ce que nous devons entendre pour rester fidèle à nous-même, lorsque des situations de vie nous font perdre notre bon sens et nous coupe de notre cœur.
Versets 4 à 6
- Ensuite Arjuna évoque Ici, Bhisma et Drona pour tenter de justifier sa volonté de se rendre sans combattre, comment peut-il combattre ces deux personnes dignes de vénération?
- Ici nous voyons que Arjuna s’identifie à la relation.
- Or la guerre imminente n’est pas une affaire personnelle.
- C’est une action pour la préservation du dharma.
- Les kauravas n’ont pas la légitimité pour régner, c’est ainsi.
- Ils ne respectent pas l’ordre cosmique et donc les valeurs qui permettent la préservation de la dignité de la vie.
- Les Pandavas combattent pour rétablir et préserver le dharma, pour le bien de tous les êtres vivants sur ce plan d’existence.
- Evoquer, les noms de Bhisma et Drona nous emmènent à une vison erronée de l’enjeu, à de l’attachement, des fonctions, des souvenirs, des sentiments humains.
- De plus Bhisma et Drona ont déjà transendé leur individualité pour une cause plus grande que leur personnalité, ils ont choisi la cause qu’il devait défendre.
Si on regarde bien, c’est parce que Arjuna a un respect sincère envers Bhisma et Drona qu’il va pouvoir se libérer de son attachement au maître ou parent pour exprimer de façon authentique son être. Passer du petit « je » au grand « Je ».
Les versets 5 et 6 évoque des projections, le moment présent lui échappe donc le mental est en divagation et imagine des situations. On perçoit que son bon sens est corrompu par son mental, il est alimenté par les sens, la vue (des armés), l’ouïe, ( le vacarme des animaux présents pour la guerre, les épées…). Le mental est nourri par les stimulis exterieurs et il alimente le désir anxieux d’obtenir des bienfaits de ses propres actions, ce qui créé un mur entre le mental et l’intellect, le discernement n’est plus possible.
Verset 7
- Arjuna, en pleine tourmente, arrive à exprimer ce qu’il ressent, la pitié dans son cœur, son esprit qui ne lui permet plus un bon discernement. Il demande alors à krishna la solution,
- « Dis moi de façon certaine ce qui serait le meilleur pour moi » : il reconnaît la crise qu’il est en train de vivre, il se tourne vers Krishna et demande de l’aide.
Verset 8
- Il voit sa douleur et son impuissance à ce moment d’y mettre fin (son incapacité à discerner le dharma de l‘adharma). A savoir de facon claire ce qu’il doit faire. Quel est l’action juste pour se maintenir dans la dignité du Soi.
- Il n’a pas les ressources à ce moment-là, ou ne sait pas comment utiliser ses ressources pour sortir de cette confusion douloureuse qui le paralyse.
- Et pourtant, le moment est crucial, la guerre est sur le point de commencer.
Verset 9
- Il annonce son renoncement « je ne combattrais pas » et se mure dans le silence.
- C’est Sanjaya qui rapporte au vieux Roi Dhrtarastra la scène et le monologue d’Arjuna et pourquoi il renonce au combat.
- Il n’y a que le roi Dhrtarastra qui peut rappeler ses armées et mettre fin à cette bataille( sur le point de commencer).
- Mais le roi aveugle n’entend pas les conseils de son narrateur.
- Sanjaya nomme Arjuna par le terme « Gudakesa » (celui qui a vaincu le sommeil)
- Ce qui présage qu’Arjuna a toutes les facultés et que les conditions sont réunies pour sa victoire, son éveil et rétablir ainsi le dharma.
- Mais le roi n’entend pas, son attachement à ses fils, (donc aux tendances adharmiques) est trop forte.
Versets 10 et 11
- Krishna répond à Arjuna, en souriant.
- Cela veut dire que krishna : c’est maintenant qu’il va pouvoir toucher le cœur de l’homme,
- « O Baratha » qui se tient déséperé entre les deux armées : se tenant entre les deux armées, symboles du bien et du mal, prêtes à livrer bataille jusqu’à la mort. Arjuna, qui symbolise l’individu s’abandonne complètement au seigneur.
- Krishna lui expose son premier enseignement, comme un médecin qui a fait un diagnostic, il commence à lui apporter le remède.
- Car le mal est plus profond que le défi de la guerre imminente.
- Ici, on ne s’attache pas aux symptômes, Krishna doit éradiquer la cause de la maladie.
- La source de son égarement.
Verset 11 : « Tu pleures sur ceux qui n’ont pas besoin de tes larmes » Et pourtant tu parles comme un sage « Mais le sage ne pleure ni sur les vivants, ni sur les morts »
- Lorsque nous nous coupons de notre part divine (sans commencement et sans fin), l’ego (mortel), prend la place et voile la réalite ultime de la vie et de la mort.
- Du point de vue de l’ego ( qui appartient au plan d’existence terrestre ), il va mourir.
- Donc, il est attaché au corps, et à tout ce qui nous ramène à la matière sans la conscience du grand tout, et de la manifestation de la vie.
- C’est pour cela que nous sommes tristes de nous détacher / nous séparer ou que le mental nous emmène dans des imaginations catastrophiques qui ne sont pas encore arrivées.
- L’ego n’aime pas le changement et il ne veut pas perdre sa place.
Cet enseignement de krishna : « Le sage ne pleure ni sur les vivants ni sur les morts »
- Cela veut dire lorsque nous sommes eveillés au principe de la vie, nous savons que la vie est éternelle, l’esprit, la conscience est le principe de la vie, peut être latent ou non latent mais la vie « est ».
- Donc c’est la part en nous, mortel, l’ego qui nous fait croire à la perte, la séparation.
- Car lorsque le corps a fait son œuvre, il retourne à la terre plan d’existence de ce monde et l’ego meurt. Mais pas l’être, ainsi Krishna expose la loi de transmigration de vie en vie.
- Donc, si l’on considère que la vie, et que le dharma ( les lois cosmiques) nous dépasse et que nous faisons confiance à la vie, nous nous inscrivons dans une grande danse, même si nous ne comprenons pas tout, mais nous pouvons nous rapprocher de cette conscience en chérissant la dignité de la vie, et nous éveiller au principe de l’éternité de la vie.
Donc rien ne sert de pleurer pour les vivants ou les morts puisque du point de vue de la Vie cela est une illusion.
Chapitre 2 – Le Yoga de la connaissance – Versets 1 à 11 – Catherine
- Verset 3 : Krsna vient bousculer Arjuna dans son état névrotique. « Ne te laisse pas aller à la lâcheté ».
Krsna est resté longtemps observateur d’Arjuna, le laissant aller dans ses émotions, jusqu’aux larmes.
- Versets 4-5 : Arjuna énumère encore des raisons de ne pas combattre. Il est empreint d’émotions qui voilent son intellect, il ne peut avoir de raisonnements cohérents.
- Verset 6 : la situation qui lui parvient à travers ses sens, l’envahit, son mental est débordé.
Les 2 parties de l’Esprit : – le mental qui est tourné vers l’extérieur et qui reçoit les informations via les organes des sens et l’intellect qui se trouve à l’intérieur, qui analyse à la vue des expériences passées et qui donne des directives au mental pour agir raisonnablement. Chez Arjuna, ces deux parties de l’Esprit sont trop envahies, parasitées, par ses questionnements, ses émotions, il ne peut donc prendre de décisions cohérentes et se mettre en action.
- Verset 7 : il parle de son devoir, du Dharma qui est la loi de l’existence. L’homme a une nature divine et son but est de se maintenir dans la dignité du Soi, dans sa nature divine.
- Versets 7-8 : Arjuna demande de l’aide à Krsna, il est impatient (son intellect), veut retrouver la paix, un état de cohérence entre son mental et son intellect. Krsna à l’inverse fait preuve de patience.
- Verset 9 : Arjuna annonce qu’il ne veut pas combattre.
- Verset 10 : l’image de la calèche est reprise.
L’intellect discriminant, pur est le conducteur du char, qui maintient les rênes serrées (le mental) afin que les sens n’envahissent pas l’Être, le Soi. Quand l’ego s’en remet pleinement à l’Intellect, alors l’individu est dans sa force divine.
- Verset 11 : l’ego émerge quand le Pur Soi, notre Nature Divine n’est pas reconnue.
Quand nous pensons être déterminés par notre Corps physique, notre Mental émotionnel et notre Intellect, il y a identification illusoire et donc souffrance, car nous sommes éloignés de notre Nature Divine.
Commentaires Gaëtan Chapitre II : jusqu’au verset 10 :
- Le narrateur finit de planter un décor : une situation qui va permettre, via la métaphore du char, de dérouler les enseignements de la Bhagavad.
- Arjuna est l’ego découragé qui rejette les instruments de ses activités égotiques (arc) depuis le corps dans lequel il réside (char) via les organes des sens qui sont freinés, maîtrisés (cinq chevaux tenus fermement par le mental).
- L’intellect pur doit être le conducteur du char (ici Krishna) pour obtenir une force divine
Commentaires Nadège Chapitre II : jusqu’au verset 10 :
- Je dirais que l’arc n’est pas l’instrument des activités égotiques, au contraire comme l’a metionné Chérifa, il est la représentation de notre capacité de discernement. Avec l’arc et la flèche, nous avons la possibilté de tirer dans la direction choisie ; Là où va la pensée, va l’énergie. David Frawley dit dans son livre : le « yoga tantrique » : « soyez vigilant où vont vos pensées, car vous risquez de récolter ce qui est pensé ». Donc il abandonne son carquois et son arc, car Buddhi (intellect pur) : sa capacité de discrimination est voilée par ses doutes et sa confusion.
Chapitre 2 – Le Yoga de la connaissance – Versets 12 à 22 – Gaetan
- Le verset 12 évoque le samsara, l’éternité des Soi et introduit l’argumentation du 13 décrivant comme absurde le fait d’être effrayé par la mort dans la mesure où elle n’est pas une fin mais un passage.
- Jusqu’au verset 15 : l’éternité de l’être est opposée à l’illusion de l’éphémère entretenue par la confusion entre les organes des sens et leur objet.
- C’est une invitation au détachement.
- Le verset 15 met en avant la nécessité de cultiver l’équanimité par rapport au contact des sens, un préalable pour mettre fin au samsara et se fondre dans le Soi immortel.
- Dans le verset 16, le Réel est défini comme ce qui perdure indéfiniment. Les versets suivants complètent cette définition en ajoutant des caractères: l’impérissable, le fait que cela ne puisse être compris (ce qu’il faut entendre comme étant insaisissable par le mental qui s’appuie sur des sens abusés).
- Au verset 19, le Soi est discriminé de l’agent et de l’objet de l’action. Il est également dit « non-né » et donc « éternel ».
- Ainsi, au verset 21, on comprend que le sage ne peut tuer (ni être tué) car il sait que seule la forme physique est périssable.
- Enfin le verset 22 exprime plus directement que le corps, périssable, n’est pas le Soi mais un véhicule dont on peut se débarrasser comme d’un vêtement usé.
Chapitre 2 – Le Yoga de la connaissance – Versets 21-32 – Nadège
Verset 23 : « Les armes ne peuvent Le pourfendre, le feu ne Le brûle pas, l’eau ne Le mouille pas le vent ne L’assèche pas. » :
- Ce qui est évoqué depuis le verset 12, c’est que l’être humain n’est pas seulement un corps et un mental (ego, mémoires, etc.), il est beaucoup plus que cela, il est le Soi. Le Soi est une notion très abstraite tant que nous ne l’avons pas « vécu », « expérimenté ». Ce qui est expliqué par Kṛṣṇa (krishna), c’est que souvent, nous nous réduisons à des expériences, des affects qui nous dépassent. Lorsque nous revenons à la conscience (et conscience est le contraire d’inconscience), lorsque nous sommes présents à ce qui se passe, sans être emporté par le maelstrom émotionnel, alors, c’est cette conscience qui prend les rênes (Kṛṣṇa guide le char). Je pense que cet état d’équanimité dont il est question, c’est-à-dire garder son impartialité et son détachement, dans le plaisir et le déplaisir est certainement ce qui le plus difficile pour chacun d’entre nous. Le yoga est l’art d’entraîner le mental dans le retrait pour que justement émerge cette distance nécessaire face aux évènements. La notion de réel et d’irréel est aussi un concept de prédilection dans le yoga, ou chez les bouddhistes. Comme nous avons vu précédemment, l’irréel ou « māyā », l’illusion, ce sont les impressions ramenées au mental par les sens qui seront traités par l’ego à travers le filtre de nos expériences passées, conditionnements, divers, traumas, etc. La réalité n’est donc jamais directe. La réalité, c’est ce qui existe en dehors des filtres, l’expérience directe peut se vivre, par exemple dans la méditation ou la contemplation quand le mental se tait ; là, il est possible de faire connaissance du Soi. Le Soi qui est le substrat de la vie, donc qui est tout et en tout, comme l’a mentionné Gaëtan, impérissable, éternel, et incompréhensible pour nos sens et notre ego.
- Verset 23, ainsi que versets 24 et 25 : Kṛṣṇa continue dans son explication du Soi, qui comme nous l’avons dit est une notion difficilement appréhendable. Comme c’est le substrat, il n’est jamais affecté par quoi que ce soit et certainement pas par les éléments qui sont évoqués ici. Il est non manifesté, donc sans forme ; il ne peut pas vraiment êtredécrit précisément et ne peut être changé. C’est ce grand mystère de la vie qui nous happe. Cette conscience (Brahman – voir article sur le Samkhya : https://yogafleurdelotus.com/samkhya-les-differents-elements-constutifs-de-lunivers/) imprègne le vivant tout en restant en dehors de ce vivant périssable. Il n’y a pas de vie sans conscience et en même il ne peut avoir expérience de la conscience sans vie. Nous sommes conscience et nous resterons conscience quoiqu’il advienne. Alors la question de Kṛṣṇa est la suivante : pourquoi s’affliger de la mort ? Nous passons d’un état à un autre. Dans la conceptualité yogique, il est possible de distinguer « deux consciences » : Brahman, le substrat qui ne possède aucun attribut (nirguna) et atman, la conscience individuelle qui transmigre de vie en vie avec ses saṃskāras (impressions sensorielles – graines émotionnelles déjà présentes à la naissance) qui vont affecter cette vie-ci selon la manière dont nous allons la mener (ici, rien n’est écrit, nos choix conscients et inconscients vont faire éclore ces saṃskāras ou non). Mais nous sommes aussi Brahman au-delà d’atman, la conscience universelle sans aucune empreinte.
- Dans les versets 26 et 27 : il est question de vie et donc de la fin de la vie avec ce corps qui est nôtre pour cette existence-ci. La mort est consubstantielle à la vie, c’est quelque chose qui ne peut être changé, inéluctable. Mais en même temps, nous sommes immortels, la conscience est immortelle et c’est notre nature première. Si l’on comprend cela, vraiment, réellement, alors la mort n’est plus un obstacle. D’une certaine manière, le yoga réconcilie avec la mort. La vie (avec la mort), c’est la joie. D’ailleurs, si nous prenons Kṛṣṇa qui symbolise la conscience et la conscience pleinement manifestée, c’est un personnage joyeux, qui joue de la flûte qui fait danser les gopīs (les vachères : qui sont le déploiement de la vie sous toutes ses formes), c’est une célébration. Nous oublions souvent, pris dans nos tourments affectifs de célébrer la vie. Car finalement, accepter la mort, c’est accepter la vie.
- Versets 28 et 29 : « les êtres sont non manifestés à leur origine, comme ils le sont aussi à leur fin. Seule leur existence entre les deux nous semble manifestée, ô fils de Bharata. Pourquoi donc s’affliger à ce sujet »; « Certains Le voient (l’un, la conscience) comme une merveille, d’autres en parlent comme d‘une merveille, d’autres encore entendent parler de Lui comme d’une merveille. Pourtant, ayant entendu, nul ne Le comprend. » : dans le grand cycle du samsara (la transmigration), nous allons et nous venons. À chaque fois que nous prenons une forme, nous est voilée la conscience ; nous vivons comme des ombres. Toute la magie de la vie est de de nous transcender, revenir à la maison, sans passer par la mort, dans cette vie-ci et en jouir pleinement, grâce à notre évolution sensible au cours de chaque vie. Ce qui est dit également dans ces strophes, c’est que notre passage sur terre n’est pas inutile, nous avons la chance d’expérimenter pleinement cette conscience. Grâce à la discipline de notre yoga, les voiles s’émoussent et l’extase ou l’enstase est au rendez-vous. L’émerveillement et une des qualités qui nous anime. Nous pouvons nous dissoudre dans l’émerveillement. Il nous ramène indubitablement à la conscience.
J’aimerai partager avec vous ce magnifique poème issu du vijñānabhairava tantra, appelé aussi yoga de l’émerveillement et qui commence ainsi : Devi, la déesse s’interrogeant sur le chemin de l’union avec son bien-aimé, śiva.
« Seigneur bien-aimé et radieux de l’espace avant la naissance,
Révélateur de l’essence,
Tueur de l’ignorance qui nous lie,
Toi qui, par jeu, as créé cet univers
Et imprégné toutes les formes en lui de
jamais -fin de la vérité.
Je me demandais. . .
J’ai écouté les hymnes de la création, enchantée par les vers,
Pourtant je suis toujours curieuse.
Quel est cet univers rempli de délices
dans lequel nous nous retrouvons nés ?
Quelle est cette conscience mystérieuse qui scintille partout en son sein ?
J’ai écouté les chansons d’amour de forme aspirant à l’informe.
Quelles sont ces énergies qui ondulent à travers nos corps, nous poussant à l’action ?
Et cette « matière » à partir de laquelle nos formes sont faites…
Quelles sont ces particules dansantes de rayonnement condensé ? »
Vous pouvez prendre votre cahier ou une feuille de papier et noter ce qui, sur cette Terre ou au-delà, suscite en vous un sentiment d’émerveillement. Qu’est-ce qui vous enchante, vous fascine ? Puis chaque jour pendant une semaine ou plus, consultez votre liste avant votre pratique. Peut-être respirez avec votre liste. Remarquez à quel point habiter le rasa (qualité) de l’émerveillement glorifie votre pratique et ouvre votre cœur.
« Marchez en paix, marchez comme un tigre, marchez alors que chaque pas embrasse la terre. Marchez comme si à chaque contact de vos pieds sur le sol, vous absorbiez l’énergie de guérison, marchez avec émerveillement. » Thich Nhat Hanh. (inspiré de « Radiance Sutras and Meditation », Lorin-Roche)
- Versets 30 – 29 – 31 : La réalité subtile résidant en chacun de nous, nous donne la liberté et la responsabilité de notre propre vie. Comme il a été mentionné auparavant, chaque personne doit se conformer au dharma, mais également à son svadharma, c’est-à-dire les conditions qui lui sont données pour accomplir cette vie-ci. En l’occurrence pour Arjuna et par ricochet, nous tous les êtres humains, notre devoir est de combattre. Si nous voulons préserver et protéger la vie dans toutes ses dimensions, nous avons l’obligation de travailler sur nous-mêmes et d’éradiquer nos mauvais penchants. Car si nous laissons les monstres qui nous habitent prendre le pourvoir, la Vie (en tant que Création, Nature, Société, etc.) est menacée. C’est intéressant de faire le parallèle avec la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui : les monstruosités sont devenues tellement effrayantes, car on les a laissés prospérer, que le monde même est en danger. Pour cela, même si le combat est titanesque et demande une vigilance de chaque instant, nous ne sommes pas démunis. Nous sommes des Kṣatriyas, des guerriers qui recherchent la lumière. Nous pouvons développer toutes les qualités dans ce sens, enthousiasme pour la justice, être convaincus par les valeurs humanistes, de compassion et de bienveillance, le courage, la force et la noblesse de coeur.
- Versets 31-32 : là, c’est vraiment magnifique, car Kṛṣṇa dit « de plus, si tu considères ton devoir, tu ne dois pas hésiter, car il n’y a rien de plus grand pour un Kṣatriya qu’une guerre juste. » ; « ô Pārtha, c’est une grande chance pour les Kṣatriya d’être appelés à livrer une telle bataille, qui est une porte ouverte sur les cieux. ». Oui, car ceux qui sont engagés dans la voie du yoga ont tellement de chance : ils pourront se libérer des chaînes des samskaras, des vasanas (les imprégnations comme les conditionnements, éducation, traumas, etc. avec lesquels, nous forgeons, une personnalité, qui réagit aux évènements extérieurs en toute inconscience généralement). Nous avons de la chance, même si cela demande beaucoup d’efforts, comme si nous avions été choisis (alors que c’est le résultat des efforts passés), c’est un honneur, dit-il. Parce qu’enfin, nous allons nous donner les possibilités d’agir dans le sens de la Vie.
Chapitre 2 – Le Yoga de la connaissance – Versets 33 – 44 – Chérifa
Verset 33
- Krishna lui donne la réponse à sa question, quelques vers plus haut.
- « Si tu ne t’engages pas dans ce juste combat. » …. « Tu commettras une faute ».
- On peut lire ici que du point de vue de Krishna, cette bataille est juste, donc déjà Arjuna peut se calmer, il n’est pas en train de faire n’importe quoi et il peut se rassurer sur les conséquences de ses actes.
- De plus, Krishna lui répond en lui disant si tu ne combats pas tu commets une faute.
- Là, nous comprenons qu’après avoir exposé l’immortalité de la vie, l’importance des Kṣatriyas et l’honneur d’être appelé à livrer des batailles contre les mauvaises influences qui mettent en péril le dharma… Krisna expose le svadharma. Cette notion que nous nous incarnons sur terre pour accomplir une mission, une mission qui nous permet de transcender nos « VASANAS ». Les « valises » héritées de nos vies passées.
- L’idée peut être qu’un jour, on arrête la roue du samsara, le cycle des naissances et des morts » ( la quête de Siddhartha Gautama dit le Bouddha).
- Bref, il expose que lorsque nous avons une difficulté, un défi ou une bataille à mener aussi difficile que ça peut être, si au moment crucial nous reculons cela revient à refuser son svadharma, or c’est pour vivre cette difficulté et la purifier par notre sacrifice (sadhana – pratique) que nous sommes venus sur ce plan d’incarnation. La vie est bienveillante, elle met en face de nous la meilleure situation pour que nous puissions transcender nos tendances négatives et transformer notre karma, épurer nos valises. Si nous renonçons avant d’avoir commencé ou en cours de route, c’est une faute envers nous-même et aussi de tout ce qui dépend de notre transformation, le principe d’interdépendance.
- Il ne faut pas renoncer à voir nos tendances, au contraire ce sont des opportunités (voir ici que les ennemis dans la bataille ce sont nos tendances qui nous empêchent d’accéder à notre véritable SOI – conscience) nous ne pouvons agir que si nous voyons les choses qui dysfonctionne.
- Dans les commentaires de SWAMI CHINMAYANANDA, il nous parle de « pāpa » une agitation mentale très forte qui est révélatrice d’un péché commis contre le svadharma.
- On peut reconnaître l’état d’Arjuna au début de ce dialogue.
- On peut donc observer l’importance de vivre sa vie en accord avec les lois cosmiques et accueillir les défis de la vie en Héros, c’est à dire ne pas fuir la réalité, protéger les valeurs éthiques, sans ménager sa vie et remporter la victoire sur notre ignorance.
Verset 34 à 36
- Krisna annonce à Arjuna, le déshonneur qui s’abattra sur sa réputation de valeureux guerrier, s’il refuse de combattre et la douleur d’être méprisé s’il laisse la lâcheté mener son action.
- Il l’appelle fils de KUNTI (sa mère), on peut se demander pourquoi il évoque le nom de Kunti, ici. Le nom original de Kunti est Pṛthā ; ce nom signifie « la vaste », évoquant à la fois la déesse Pṛthvī (littéralement « la vaste terre ») et la description d’elle comme une jeune fille aux « yeux écarquillés », ce qui symbolise à la fois l’aspect nourricier de la terre et l’immensité (la vastitude de l’univers) ( Nadège).
Verset 37
- Dans ce vers, Krishna expose la victoire à Arjuna, qu’il soit tué au combat ou victorieux.
- Le résultat n’est pas important. Combattre pour le dharma est une cause plus grande, se positionner pour le respect de la vie est une grandeur qui nous emmène à la victoire sur d’autres plans d’existence.
- Le seigneur demande à Arjuna de se lever et d’être résolu au combat.
- D’abandonner les illusions mélancoliques. Cela nous est demandé à nous aussi, faisons face à l’existence avec courage et détermination afin de réaliser nos œuvres.
- Krishna nous enseigne que nous pouvons mener des vies victorieuses, quelles que soient nos conditions, il nous prédit la victoire ou la victoire.
Verset 38
- Ce verset nous enseigne un aperçu du Karma yoga (yoga de l’action -Nadège), c’est la première déclaration de Krishna sur la technique de la perfection du Soi.
- L’enseignement ici, nous emmène à considérer l’impermanence de la vie et de ne pas être influencé par la fluctuation naturelle des événements : plaisir douleur, gain, perte, victoire, ou défaite (dans le bouddhisme : éloge ou diffamation viennent se rajouter et ils sont nommés les 8 vents, 4 vents favorables et 4 vents défavorables).
- Considérer ces états comme impermanents nous permet de ne pas chercher à tout prix à vivre le plaisir, le gain, la victoire et à éviter la douleur, la perte et la défaite. Mais les considérer comme des influences naturelles et impermanentes de la vie, qui se succèdent tout au long de notre existence et donc de mener nos actions sans se soucier du résultat : nous permettre de ne pas nous identifier, le mental est donc moins sensible aux fluctuations.
- C’est l’état d’équanimité, agir ainsi nous assure de ne commettre aucune faute.
- Contacter notre intellect pur, discriminant nous permet d’agir sans créer de karma.
- C’est un enseignement essentiel et profond qui nous permet de vivre nos vies sans être balloté dans l’existence.
Verset 39
- Le verset 38 est éclairé : c’est la sagesse du sankhya
- C’est une logique de raisonnement, par laquelle la nature véritable de la Réalité Absolue est appréhendée.
- Une sagesse qui libère nos vies de la souffrance de l’attachement et des conséquences de cet attachement.
- Et maintenant il annonce qu’il va enseigner à Arjuna la sagesse du Yoga qui permet de se libérer des liens de l’action.
- Buddhi Yoga, la dévotion à travers l’action. Ce terme n’a pas été explicité, mais pour moi, la dévotion, c’est de croire dans la vie, et de ce fait s’y abandonner en toute confiance – Nadège
- Lorsque, une action est accomplie, elle laisse une mémoire sur notre esprit, une empreinte liée à notre motivation qui a guidé notre action, les vāsanas.
Verset 40
- Dans le Karma Yoga « aucun effort n’est perdu, aucun mal ne peut en résulter » : avec cette sagesse, l’individu travaille avec une ferme détermination et un esprit concentré, ce qui emmène à la réalisation suprême.
- « Le moindre effort dans la pratique de cette discipline sauve d’une grande peur »
- En menant des actions en restant concentrés, on ne s’éparpille pas, nous restons focus sur notre objectif. De ce fait, le mental est maitrisé, nous ne sommes plus victimes des agitations mentales créées par notre ego attiré par de nombreux désirs et anxieux du résultat.
- Ce verset nous enseigne, à agir, l’esprit fixé sur une ligne d’action unique et poursuivre notre but avec détermination sans nous identifier au mouvement du mental.
Chapitre 2 – Le yoga de la Connaissance – Versets 41 à 49 – Catherine
Verset 41
- Agir avec de multiples désirs, crée de l’agitation, de l’anxiété avec pour résultante un mouvement du mental.
- A contrario, agir avec détermination et un esprit concentré, permet d’être centré sur un seul but, sans chercher de récompense. Agir de manière désintéressée nourrit notre pratique spirituelle, notre Être.
Versets 42-43
- Certaines personnes pratiquent les rituels védiques pour s’assurer des renaissances favorables en récompense d’actions passées. Ils satisfont leurs désirs et jouissent de leur richesse, sans approfondir les textes.
Verset 44
- Ces personnes occultent la recherche de la libération aux attachements matériels, aux plaisirs, au pouvoir et restent attachées aux résultats de leurs actions.
- Alors que les rituels préparent l’esprit à gagner en concentration, afin de transcender l’esprit et de se réaliser spirituellement, un moyen pour y parvenir est la méditation.
Verset 45
- Il est conseillé de s’élever au-dessus des 3 Gunas (les gunas sont les forces qui régssent l’univers, Sattva, la lumière, Rajas, le mouvement et Tamas, la matière, l’inertie ; Ces forces agissent également a niveau psychologique, avec Sattva, la sérénité, la discrimination, Rajas, l’agitation et tamas qui entraîne dans les plus bas désirs. En même temps, le yoga en cultivant Sattva, le calme intérieur et le discernement, permet doucement de se rapprocher d’un moment où nous nous élèverons au-delà même de ces forces – Nadège) qui sont la composition de toutes les créatures.
- En s’élevant, on se découvre l’essence divine.
- Pour cela, il est préconisé de se libérer des paires d’opposées, que sont les expériences contrastées de la vie, en prenant une attitude d’équanimité, en restant calme et pur dans notre appréciation des êtres et des situations.
- Notre mental nous pousse à acquérir, à s’attacher à ce qui procure de la souffrance.
- Krsna dit à Arjuna : « Établis- toi dans le Soi ». En étant dans la conscience de notre Essence Divine, il y a mise à distance de notre ego anxieux.
Verset 46
- Pratiquer les rituels avec pureté et sans attente permet d’harmoniser l’Être. Une fois cet état atteint alors le Soi plus grand, plus vaste, non discriminant peut se révéler.
- L’Ego a besoin de rituel.
- Le Soi divin dépasse cette nécessité.
Verset 47
- Souvent par peur de l’échec, nous n’agissons pas. Il est important d’agir, sans attente, en accord avec ses aspirations les plus nobles, en s’oubliant.
- Oublier les préoccupations mentales, agir pour plus grand, procure de la Joie.
Verset 48
- Krsna encourage Arjuna à agir, de manière équanime dans la voie du yoga. L’ego est mis en retrait (libre d’attachements), sans attente, libre de souvenirs passés, d’attente pour le futur.
- Être dans le présent, dans l’action juste, permet cet état d’équanimité.
Verset 49
- Quand il y a un flot de pensées : le mental est dominant
- Quand il y a concentration, calme, c’est l’intellect qui est le chef d’orchestre.
- Le Buddhi Yoga serait l’attitude qui vise le contrôle du mental par un intellect calme.
Question : le titre du chapitre, le « Yoga de la Connaissance », la connaissance de quoi? Merci pour vos réponses
merci pour votre initiation complète et précise. J’aborderai l’ouvrage différement.
Merci! N’hésitez pas à soumettre vos propres réflexions